Y aura-t-il une PlayStation 6 ?

Alors que tous les yeux sont rivés sur la Xbox Series X et la PlayStation 5, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’avenir de l’industrie du jeu vidéo. Dématérialisé, streaming et abonnements, les services sont maintenant au cœur de cette guerre qui dure maintenant depuis près de 20 ans. A quoi faut-il s’attendre d’ici 5 à 10 ans ? Les médias physiques vont-ils totalement disparaitre ?

PlayStation 6

L’intérêt du physique

Alors que les deux principaux constructeurs tâtent le marché en proposant leurs machines totalement dématérialisées avec la Xbox Series S du côté de Microsoft et la PlayStation 5 Digital Edition chez Sony, leurs déclinaisons avec un lecteur optique semblent être les modèles préférés par les consommateurs. L’avantage indéniable du format physique, c’est probablement les économies potentielles que l’on peut réaliser lorsque l’on est un gros consommateur de jeux. En effet, la possibilité d’échanger, de revendre ou d’acheter d’occasion est un véritable argument pour les joueurs. Une chose qui n’est pas (encore) possible avec le tout dématérialisé. L’association de consommateur avait d’ailleurs gagné une bataille face au géant qu’est Steam afin de permettre aux joueurs de pouvoir revendre les titres achetés sur la plateforme. Si tout n’est pas encore gagné, c’est une démarche très intéressante.

Même si on évoque le déploiement de la fibre un peu partout dans le pays, il reste néanmoins de nombreuses zones rurales qui n’auront probablement jamais accès à cet Internet très haut débit ou à la 5G. Quand bien même ce serait le cas, les opérateurs se battent pour pouvoir faire des offres « à la carte » et mettre fin à l’illimité. Les jeux nécessitant presque 100Go de téléchargement et le streaming étant aussi un énorme consommateur de données, la situation pourrait ne pas être tenable financièrement pour bon nombre de consommateurs. Très clairement, le tout dématérialisé pourrait être remis en cause par d’éventuels changements chez les FAI. Ajoutons à cela que la France est un pays particulièrement très développé en matière d’offres Internet. Le reste du monde n’a pas forcément des forfaits aussi attractifs que chez nous. On peut remercier Free qui a bien bousculé le marché depuis plus de 20 ans. Il faut leur reconnaitre ça, à défaut de proposer un réseau stable et non bridé.

Clairement, les médias physiques sont encore essentiels pour toutes ces raisons. Dans un monde idéal, on aurait tous une connexion illimité très haut débit et les jeux dématérialisés pourraient être revendus. La réalité capitaliste est bien différente car toutes ces sociétés cherchent avant tout à faire plus de profits, il est donc peu probable que cette utopie devienne réalité à l’avenir. Soutenir le physique, c’est aussi lutter contre ces abus qui pourraient bien exister un jour.

Quel avenir pour les consoles ?

La logique voudrait, effectivement, que tout passe en dématérialisé. Sur le papier, la promesse est plutôt belle. La facilité d’utilisation, la possibilité d’obtenir n’importe quel titre à n’importe quelle heure du jour et de la nuit est intéressante. Toutefois, le consommateur s’enferme dans ces services et en devient dépendant. Une chose qui n’est jamais très bonne puisque à tout moment, ces mêmes services pourront augmenter leurs tarifs lorsqu’ils seront devenus incontournables. Tout le monde n’a pas forcément la philosophie de Steam et croire que les prix des jeux deviendront plus abordables avec le dématérialisé, c’est une erreur. Même si dans la pratique cette méthode de distribution aurait dû faire chuter les tarifs, le fait est que les stores des consoles vendent les titres plus chers qu’en boutiques. On imagine qu’il doit y avoir une certaine pression de la part de ces magasins physiques qui n’ont pas envie de disparaitre. La transition qu’est en train d’effectuer Micromania-Zing, par exemple, montre bien que leur avenir est incertain. En se concentrant plus sur la vente de goodies, ces boutiques se prépare à un éventuel changement du secteur. Toutefois, le dématérialisé, c’est aussi une belle opportunité pour les constructeurs de consoles d’augmenter leurs marges en évitant toute la chaîne de fabrication et de distribution des médias physiques.

Les machines en elles-mêmes ne sont pas forcément très rentables. Au moins au lancement. C’est même un coût pour les constructeurs qui doivent casser les prix le plus possible pour inonder le marché. Concrètement, ça n’est pas avec la vente des consoles que Microsoft et Sony fait le gros de son business. En y regardant de plus près, il est assez difficile d’avoir un équivalent PC à ces machines à ce tarif. La PlayStation et la Xbox sont un excellent compromis et propose des expériences incroyable pour un prix qu’il est difficile de battre. Le revers de la médaille est que le hardware peut coûter plus qu’il ne rapporte. On peut donc légitimement se demander si ce modèle est réellement tenable et si ça n’est pas plutôt sur les services que se feront les guerres sur les prochaines générations. On imagine aisément voir apparaitre les offres de streaming sur les smart TV. Il ne faut pas non plus sous-estimer la technologie qui pourrait évoluer très vite et retrouver la puissance des consoles directement dans les écrans n’est pas totalement utopique. Dans ce cas, les consoles auraient-elles encore du sens ? Peu probable.

Ce qui nous intéresse surtout ici, c’est la dixième génération de consoles qui viendra après la PlayStation 5 et les Xbox Series. Que pourrait-il bien se passer en 10 ans ? L’abandon total du physique est une chose essentiellement voulue par les constructeurs mais dans la pratique, les consommateurs ont tout de même tendance à se tourner vers les machines avec un lecteur optique. Pour le moment, on est plutôt sur du 20% de part de marché pour les consoles digitales. Le grand public est encore très réfractaire et a bien compris l’intérêt de posséder une version physique de son jeu. La vérité, c’est que si ces machines n’avait plus cette option, l’offre la plus sérieuse deviendrait le PC qui sert maintenant à beaucoup de choses dans les foyers. Microsoft, Sony et pourquoi pas Nintendo deviendraient alors de simples éditeurs de jeux et de services ?

Le futur du gaming

Une chose est certaine, ce sont les choix que nous faisons aujourd’hui qui décideront de l’avenir de l’industrie. On sent bien que les choses changent, le simple fait que Sony commence à publier sur PC certaines franchises montre bien à quel point rien n’est sûr pour le futur. Un marché plutôt intéressant lorsque l’on souhaite vendre du jeu vidéo. A l’heure actuelle, il est vraiment difficile de dire s’il y aura encore des consoles pour la génération suivante. Tout va réellement dépendre de notre manière de consommer. Des offres comme le GamePass pose aussi la valeur d’une oeuvre. Ainsi bradée, on peut légitimement se demander si les développeurs indépendants y trouveront leur compte. Pour le moment, Microsoft arrose de dollars tous ces studios mais à l’avenir, l’entreprise cherchera à augmenter ses revenus et il n’est pas certain que tout le monde en sorte gagnant.

Les médias physiques et le dématérialisé ont tous les deux leurs avantages et leurs inconvenient. Tout ce qu’il faut espérer c’est que les plus grands perdants ne soient pas les studios de développement indépendants et les consommateurs. En l’état actuel des choses, les choix des ces entreprises ne semblent pas aller dans le bon sens pour les joueurs et on peut légitimement se demander si cette future dixième génération signera la fin de l’accès au jeu vidéo par le grand public. Si les prix augmentent et s’il devient techniquement complexe d’en profiter, il ne fait aucun doute que nombreux seront ceux qui ne pourront plus jouer.

Si je peux entendre que le prix des consoles digitales peut être attractif, il faut aussi bien garder en tête tout ce que cela implique pour l’avenir de l’industrie et pour les consommateurs dans un avenir qui n’est plus très loin. N’oubliez jamais que c’est vous qui avez le pouvoir de choisir.

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