Suite à l’incroyable purge de PornHub, beaucoup de contenus se sont vu supprimés. Si on se réjouit de ce choix de n’autoriser que les partenaires vérifiés sur la plateforme, se pose aussi la question pour les autres tubes sur lesquels c’est toujours la fête du slip.
Contenus illégaux et autres revenge porn
La modération sur PornHub a toujours été très mauvaise. Les témoignages autour de revenge porn sont nombreux et la plateforme a toujours eu du mal à retirer certaines vidéos. Difficile de dire s’ils étaient dans l’incapacité de le faire tant la quantité astronomique de contenus qui y était uploadé quotidiennement était colossale ou si les dirigeants souhaitaient tout simplement conserver les vidéos qui leur amenaient beaucoup de trafic. Le problème d’un site communautaire de ce genre, c’est que n’importe qui est en mesure d’envoyer n’importe quel type de vidéo. Si c’est PornHub qui a été au centre de toutes les attaques, le fait est que c’est également le cas sur tous les autres tubes. Un problème généralisé qui ne semble pas prêt d’être réglé.
En effet, que ce soit sur Xvideos, Xhamster ou YouPorn, ce sont les utilisateurs, pour la grande majorité, qui publient les vidéos sur ces sites. Il n’est pas rare qu’il s’agisse de contenus volés ou de vidéos discutables. Tout comme YouTube à son époque, le piratage a largement contribué au succès de ces plateformes. Malheureusement, tout le monde n’est pas Google et les outils de détections automatisés ne sont pas forcément accessibles dans le milieu du porno. En résulte un quantité importante de vidéos qui ne devraient pas avoir le droit d’être présentes sur ces tubes. Si légalement, ce sont des hébergeurs et s’ils doivent, à priori, retirer les contenus illégaux après une demande, dans la pratique ça n’est pas toujours aussi simple. D’autant plus qu’une scène supprimée a vite fait de réapparaitre sur un autre compte en quelques heures.
Tout n’est pas rose
Comme beaucoup, nous faisons partie de cette génération qui a grandit avec les tubes. Une opportunité de découvrir de nombreux contenus pour adultes et une diversité de choix que l’on avait jamais connu auparavant. Bien que ces plateformes offrent de nombreux avantages, elles ont aussi été la source de bien des maux dans l’industrie. Puisqu’un grand nombre de ces contenus étaient piratés, ces plateformes ne laissaient pas beaucoup de place aux offres payantes. Bien que les choses ont évoluées et qu’il est désormais possible de proposer des scènes payantes sur la plupart des tubes, ils n’en reste pas moins des usines à gaz où il est bien difficile de trouver les contenus légaux. Toutefois on constate que ces plateformes ont tendance, de plus en plus, à mettre en avant les vidéos de leurs partenaires.
PornHub a, par la force des choses, pris la meilleure décision selon nous. Désormais, seuls les personnes vérifiées sont en mesure d’uploader des vidéos sur leur plateforme. Il est donc devenu particulièrement difficile d’y proposer des vidéos volées, du revenge porn et de manière plus générale des contenus illégaux. En réduisant un peu la voilure, ils ont maintenant un meilleur contrôle de ce qui est proposé sur leur site de streaming. Pour le coup, on ne se pose plus trop la question de savoir si un contenu est légitime ou pas puisque la plupart des utilisateurs qui offrent leurs scènes sur la plateforme sont vérifiés. De notre côté, cela ne change pas réellement notre manière de consommer le porn puisque nous nous intéressions essentiellement aux créateurs de contenus depuis plus de 10 ans.
Et après ?
Il ne faut pas se voiler la face, les contenus piratés ont fortement participé à la popularité de ces tubes mettant à mal de nombreux secteurs de l’industrie pornographique. Si certains studios ont perdu des clients car ils ne soutenaient pas la comparaison en terme de qualité, pour une vaste majorité c’est surtout le piratage qui leur a tout fait perdre. Ces dernières années, une énorme quantité de ces studios ont même mis la clé sous la porte quand ils n’ont carrément pas été rachetés par Mindgeek (propriétaire de la plupart des tubes populaires). Bien qu’il y a toujours eu à dire sur PornHub et qu’il y a encore beaucoup de choses à raconter, dans la pratique c’est le premier site à prendre le taureau par les cornes pour redorer son image qui n’est clairement pas au mieux de sa forme en ce moment. Ce qui étonne, c’est que c’est cette plateforme en particulier qui a été visée alors que l’on retrouve exactement les mêmes problèmes chez tous ses concurrents.
Faudra-t-il encore attendre des histoires sordides pour que les autres plateformes réagissent ? J’en ai bien l’impression car rien ne semble bouger depuis l’affaire PornHub. Il faut dire que cela peut couter cher en terme de trafic mais doit on laisser faire tout et n’importe quoi sur ces sites ? La réponse est bien évidemment non et si la modération semble être plus ou moins meilleure selon les plateformes, laisser les utilisateurs balancer n’importe quel type de contenu gratuitement n’est pas un modèle viable sur le long terme. D’une part cela ne favorise pas l’industrie dans sa globalité mais pourrait aussi avoir un effet négatif sur les créateurs de contenus qui vont continuer à voir leurs vidéos proposées gratuitement. Parce que ce sont eux qu’il faut chouchouter, pas ceux qui piratent ou proposent des choses illégales.
La rédemption des tubes ?
Selon nous, les tubes ne sont pas les seuls responsables de la crise dans l’industrie. Evidemment qu’ils y ont grandement participé mais la diversité offerte sur ces plateformes a aussi permis aux consommateurs de découvrir qu’il existait des contenus bien plus qualitatifs que ce que l’on voulait bien leur proposer en échange d’une CB30 (abonnement mensuel et des prélèvements souvent abusifs, en gros). Désormais les porteurs d’une carte bancaire sont plus exigeants et leur offrir du contenu produit à la chaîne ne semble plus être le modèle préféré. On le voit dans le porno amateur et indépendant, les gens sont prêts à payer plus s’ils ont la garantie de la qualité et, au fond, c’est ce que l’on recherche : un produit avec une forte valeur ajoutée et plus rentable. Ces dernières années nous avons beaucoup entendu ces studios qui proposaient des contenus médiocres et pas toujours cleans se plaindre mais dans la pratique, l’audience est toujours prête à payer mais pour des choses qui en valent réellement la peine.
Une prise de conscience généralisée s’est aussi installée ces dernières années. L’affaire PornHub montre bien à quel point l’industrie a besoin de plus d’éthique et de mieux respecter les acteurs·trices. C’est d’ailleurs l’argument principal de toute la vague indépendante et/ou féministe. Les contenus sont proposés à des prix plus justes et ceux qui fabriquent ce porn sont mieux rémunérés. Les tubes ont tout à fait leur mot à dire dans cette petite révolution qui s’opère lentement mais sûrement depuis quelques années. Si, à l’image de PornHub, les consommateurs ont la garantie que les conditions de production sont safes, ils seront plus enclins à sortir leur CB. Rajoutons à cela que l’industrie, y compris ces tubes, n’ont pas besoin de cette image nauséabonde qui ne favorise clairement pas le business.
Moins mais mieux ?
Encore une fois, PornHub a été contraint et forcé de faire le tri sur sa plateforme mais on se demande pourquoi cela ne semble pas bouger ailleurs. Pourtant la démonstration a été faite et on sait que laisser n’importe qui uploader n’importe quoi n’est pas bon pour les affaires. On espère fortement que la plupart de ces plateformes sauront faire les bons choix pour l’avenir et endiguer cette vague de piratage qui a trop durée, sans parler des nombreux contenus illégaux qui n’ont pas leur place dans cette industrie et du revenge porn qui a déjà détruit beaucoup trop de vies. Mettre en avant les créateurs vérifiés et ceux qui ont une réelle valeur ajoutée, c’est plus ou moins ce que l’on réclame depuis plus de 10 ans ici.
On espère sincèrement qu’il y aura une réelle prise de conscience de la part des autres plateformes et que des choses seront mises en place rapidement pour faire de ces sites des endroits plus safes pour tout le monde. En tout cas, ce qui est arrivé à PornHub montre bien que l’on ne peut pas tirer sur la corde indéfiniment et il est fort probable que cela arrive aussi à ses concurrents si rien n’est fait. Difficile de savoir si des changements sont en train d’être réfléchis tant il est complexe d’entrer en contact avec ces plateformes mais une chose est certaine, ça ne peut plus fonctionner ainsi. Dans la pratique on perdra probablement pas mal de contenus mais si c’est au profit d’une meilleure qualité, va-t-on réellement perdre au change ?