L’industrie du jeu vidéo a longtemps ciblé les hommes hétéros. Durant plusieurs décennies, le gaming était un divertissement qui a ouvertement été destiné à cette tranche de la population, dans l’imaginaire collectif. Ces dernières années, le média s’est clairement ouvert à tous, d’une part grâce aux studios de développement indépendants plus enclins à prendre des risques scénaristiques mais aussi parce que ce marché grandissant touche désormais toute la population.
« The Last of Us Part 2 » fait partie des titres les plus attendus de cette année. Suite au succès du précédent opus, il ne faisait aucun doute qu’un second épisode aurait été annoncé. Fer de lance de la logithèque exclusive à la PlayStation, ce jeu devrait laisser une place pour une romance homosexuelle dans son scénario.
Des mentalités qui peinent à évoluer
Gamer depuis de longues années, je dois bien avouer que la communauté de joueurs n’est pas toujours très ouverte sur toutes ces questions de genres et de sexualités. Suite au trailer de « The Last of Us Part 2 », les commentaires négatifs ont tout de suite fait leur apparition. En effet, dans cette vidéo, l’héroïne, Ellie (interprétée par Ashley Johnson) s’offre une petite danse avec un nouveau personnage, Dina (interprétée par Shannon Woodward). Si on ne sait pas encore grand chose sur la relation qu’elle vont entretenir dans l’aventure, cette bande annonce semble indiquer une certaine proximité entre les deux personnages. Il n’en fallait pas plus pour que les joueurs les moins tolérants y aillent de leurs commentaires homophobes.
Loin des clichés vidéo-ludiques
On ne va pas se mentir, il y a beaucoup d’hommes assez toxiques dans la communauté gaming comme dans toutes les communautés, malheureusement. Tenter d’approcher le thème de l’homosexualité dans un triple A est une excellente chose et on ne peut que soutenir et saluer cette initiative du studio Naughty Dog qui maîtrise maintenant l’écriture des personnages. Ellie est une héroïne qui s’éloigne des clichés que l’on peut rencontrer dans le jeu vidéo. Loin du beau gosse bodybuildé qui sauve sa copine, l’histoire promet d’être originale et si, en plus, elle permet de montrer des minorités, pourquoi pas ? Complètement ancré dans son époque, « The Last of Us Part 2 » pourrait bien donner un coup de pied dans la fourmilière.
Courage et originalité
Le jeu vidéo est clairement devenu plus mature et traite désormais de thèmes de société. Si l’inclusion de personnages LGBT+ est encore sporadique, d’autres titres comme « Cyberpunk 2077 » tentent de s’éloigner des clichés des genres. Dans toutes les époques, l’art a toujours participé à faire évoluer les mentalités et le jeu vidéo n’échappe pas à la règle. Si les femmes sont de plus en plus présentes sur ce média, on constate aussi qu’elles y sont de moins en moins sexualisées. La communauté ayant réellement tendance à se féminiser, il était normal qu’elles y soient mieux représentées. Raconter une histoire mettant en scène une personne homosexuelle est un risque très minime pour un éditeur. Si une poignée d’homophobes n’achèteront pas le jeu, de l’autre côté, il pourra toucher une toute nouvelle cible et c’est très clairement le but.
Marketing et ciblage ?
Il faut être réaliste, c’est bien de cela dont il s’agit. Il y a plus de personnes homosexuelles que d’homophobes et commercialement, il y a plus d’intérêt à toucher la communauté LGBT+ quitte à mettre de côté quelques personnes intolérantes. La force du jeu vidéo, c’est sa capacité à offrir aux joueurs une véritable empathie pour leur personnage et proposer une héroïne homosexuelle est un excellent moyen de se mettre à sa place et de mieux comprendre une sexualité qui peut sembler sortir un peu de la norme. Si ce jeu à gros budget peut permettre à quelques intolérants de mieux comprendre ce qu’implique que d’être LGBT+, on se dit que ça ne peut être qu’une bonne chose.
Maturité intellectuelle
Une chose est sûre, le média jeu vidéo est en train d’évoluer sur toutes ces questions. On ne peut que s’en réjouir. S’il est certain qu’il faudra encore de nombreuses années avant que la communauté LGBT+ soit totalement acceptée, cet art peut grandement aider à faire avancer notre société. Laissant sur le bord de la route l’intolérance et l’homophobie. Les gros studios sont, aujourd’hui, capables de proposer des histoires et des personnages très profonds et on espère que « The Last of Us Part 2 » ira au bout de son idée et ne se limitera pas seulement à de l’évocation comme on a pu le voir pour la bisexualité de Trevor dans « Grand Theft Auto V ». Il est fort probable que les investisseurs soient encore frileux sur ce sujet, de peur d’un bad buzz mais sur le terrain, ils ont plus à y gagner qu’à y perdre.