Rien ne va plus chez Ubisoft

Ces derniers mois ont été difficiles pour Ubisoft. Entre les problèmes de harcèlements et une communication bancale, l’entreprise est dans la tourmente. Un gigantesque souci de management qui explique peut être mon désintérêt total pour la plupart de leurs productions. Comment une boite aussi créative en est-elle arrivée là ?

Ubisoft

Une longue histoire

Originaires de Bretagne, les frères Guillemot ont, depuis toujours, fait partie de ma culture. Une entreprise locale que je connaissais bien de nom, à l’époque. Il faut dire que dans la région, les grosses sociétés de ce type sont relativement rares. Avec Yves Rocher, Ubisoft fait partie des fiertés économiques de mon secteur géographique. Il m’aurait été très difficile de passer à côté. Si je n’ai pas eu la chance de travailler pour eux, c’est une chose qui aurait tout à fait pu m’arriver. Historiquement, c’est sur l’Amstrad CPC 6128 que j’ai découvert leurs premiers titres. Avec le recul, je réalise qu’ils étaient très prolifiques durant cette période et il n’était pas rare de voir le fameux logo « UBI » sur les disquettes de cette machine. Si j’étais encore trop jeune pour bien me rendre compte de ce que cela impliquait, c’est probablement sur la première et la seconde PlayStation que j’ai compris l’importance de Ubisoft dans le domaine du jeu vidéo.

Comment ne pas citer « Rayman », « Beyond Good & Evil » et tout un tas d’autres titres distribués par cette société. Pourtant, c’est probablement sur la PlayStation 3 que j’avais pris ma véritable claque vidéo-ludique avec le tout premier « Assassin’s Creed » et qui m’avait fait réaliser à quel point ce média était devenu important. Pour moi, cette franchise à marqué un véritable changement dans l’industrie. On avait là une véritable démo technique qui, avec le temps, est devenu un produit de consommation courant et qui, je dois l’avouer, a un peu perdu de son âme et est devenu tristement « générique » par la suite. Pourtant, cette petite révolution montre bien à quel point l’entreprise Ubisoft accueille d’incroyables créatifs et qui, potentiellement, est capable du meilleur (comme du pire). Bien que leurs jeux soient extrêmement populaires, il n’y a plus rien qui ne m’a attiré chez eux depuis ces 15 dernières années.

La culture des « rock stars »

Je ne sais pas si cet esprit familial est inhérent aux entreprises bretonne et si pour Yves Rocher, que je citais plus haut, ça a été plutôt bénéfique, chez Ubisoft, il semblerait que ce soit devenu problématique avec les années. Yves Guillemot a une politique plutôt paternaliste qui peut avoir ses bons côtés mais ses fils spirituels ont pris de l’importance dans cette société et c’est peut être là tout le cœur de la débâcle. On ne peut pas être un bon créatif et un bon manager à la fois. Une fois de plus, le principe de Peter se vérifie ici. Si on comprend que le patron d’Ubisoft a voulu choyer ses meilleurs éléments, ils n’étaient peut être pas à une place qu’ils maitrisaient complètement. Difficile de dire comment cette culture toxique est devenue la norme mais tout bon manager n’aurait jamais laissé passer ça.

Avec tout ce que l’on a appris ces derniers mois, je commence à comprendre pourquoi les titres de Ubisoft ne m’attirent plus. Leurs licences phares sont devenus des produits et non plus des oeuvres. Il fallait absolument sortir un « Assassin’s Creed » tous les ans pour faire tourner la machine. Augmentant, de fait, le stress et la pression au quotidien auxquels il fallait rajouter un management bancal qui aura fini par leur exploser au visage et c’est triste. Triste parce que, comme je le disais plus haut, Ubisoft c’est un vivier de créatifs et personnes ultra motivées et passionnées. Si on comprend les choix économiques, artistiquement c’est un peu le vide intersidéral. Le prometteur « Immortals Fenyx Rising » en est un bon exemple. Si l’attente était bien là, de ce que j’en ai vu, on dirait un sous « Zelda Beath of The Wild » pour mobile (je grossis le trait mais c’est l’idée).

Si un grand coup de ménage est en train de se faire au sein de l’entreprise, ces « rock stars » étaient tout à fait créatives et talentueuses mais, selon moi, n’auraient pas du être à ces postes qui demandent un sérieux absolu et un certain savoir faire. Si la « folie douce » de ces artistes peut être intéressante dans un cadre créatif, elle n’avait rien à faire dans le management. Une position qui leur est probablement montée à la tête, soutenue par cette culture paternaliste qui est devenue malsaine avec le temps. D’autant plus que l’on parle de comportements totalement déplacés qui auraient dû être réglés immédiatement même si ces créatifs participaient à la croissance de Ubisoft. Bien que la récente communication de Yves Guillemot marque bien l’envie de changements, on regrettera que ce message n’ait pas été adressé à tous les joueurs puisqu’il s’agit d’une petite vidéo qui aura été publiée en catimini et noyée par de nombreux trailers diffusés quotidiennement sur cette chaîne YouTube.

Vers le meilleur de Ubisoft ?

Comme je l’indiquait en introduction, pour moi, les productions de Ubisoft ne m’intéressent plus depuis de longues années. Difficile de dire si c’est cette culture toxique qui a participé à enlever toute la magie de cette société mais ce séisme qui a secoué toute l’industrie est un mal pour un bien. Du côté du consommateur, il reste important de se demander si les jeux auxquels on joue n’ont pas été faits dans la douleur et l’importance du bien être des créatifs pourrait bien devenir un argument commercial. Un bien être qui affectera la qualité des produits finaux. Tout le monde sera gagnant. Il reste beaucoup à faire pour Yves Guillemot et s’il est peu probable qu’il se retire suite à ces évènements, on espère qu’il mettra réellement tout en oeuvre pour que son entreprise redevienne « cool ».

Une communication hasardeuse et des mauvais choix ont réellement donné une mauvaise image à Ubisoft ces derniers mois. Les récents titres qui vont bientôt sortir ont un arrière goût amer dans la bouche. Ce début de génération n’est pas très sexy du côté de chez Ubisoft et si on a de grosses attentes pour « Beyond Good & Evil 2 », selon moi, ça sera quitte ou double. Soit on aura un vrai jeu artistiquement intéressant ou alors ce sera un énième produit formaté. L’entreprise a de nombreuses licences pour « faire tourner la boutique » et il reste important de montrer que leur créativité est toujours présente. Prendre des risques, c’est aussi une aventure excitante et Ubisoft a les reins suffisamment solide pour se remettre d’un jeu qui ne se vendrait pas aussi bien que prévu. Pourtant, se lancer dans le jeu vidéo au milieu des années 80, c’était un risque et on ne peut pas dire que ça ne leur a pas réussi.

Il ne faut pas oublier que dans le portefeuille de Ubisoft, il y a de nombreuses licences qui dorment. Un « Prince of Persia » nextgen serait le bienvenue mais le récent remake du « Prince of Persia : Les Sables du Temps » est déjà très décevant. Nous ne sommes pas à l’abri de belles surprises mais, de mon côté, je n’attends plus grand chose de cette entreprise et je dois bien avouer que ça ne me réjouit pas. Ils savent faire des bons jeux. La séries des « Assassin’s Creed » nous en donne pour notre argent et bien que je ne sois clairement pas la cible, ces titres ont des qualités qui expliquent leur succès. Je crois qu’il faudrait remettre un peu de magie dans tout ça et ne pas se contenter de faire « ce qui marche ». Oui, c’est risqué mais c’est un risque qui peut être payant. Se donner les moyens et le temps de proposer quelque chose de neuf ne ferait pas de mal à cette entreprise qui a réellement besoin de se renouveler.

Je ne sais pas pourquoi je n’aime pas les jeux Ubisoft

Quelque chose ne doit pas tourner rond chez moi. Je suis un gros consommateur de jeux vidéo et pourtant, je me rends compte que je ne possède aucun titre de chez Ubisoft. Si j’essaie toujours de me procurer (je ne les achète pas, si vous voyez ce que je veux dire) les « Assassin’s Creed » qui sortent, j’ai toujours été déçu. Je n’arrive pas à rentrer dans ces univers qui me paraissent très fades. Bien que je comprenne pourquoi le grand public accroche à ce genre de licence. En bon collectionneur que je suis, je devrais posséder l’intégrale de cette licence, pourtant, ça n’est pas le cas. La tristesse de mon compte Uplay est très parlant, la plupart des jeux que je possède ont été récupérés gratuitement lors d’opérations spéciales. Finalement, mon argent n’est jamais allé dans ces productions. Je dois avoir « Black Flag » que j’ai trouvé dans un bac à solde à 5€. Je n’y aurais jamais joué que plus d’une heure tellement ça ne m’a pas touché.

Que l’on soit bien clair, je ne tape pas sur Ubisoft, leurs jeux sont bons, ça n’est pas la question, c’est juste qu’ils ne m’intéressent pas du tout. Vraiment, j’aimerais apprécier ces triple A mais ça ne passe pas. Plusieurs fois, j’ai essayé de m’y mettre mais à chaque fois je décroche. Idem pour « Watchdogs » que j’avais essayé mais dans lequel je ne me suis pas très amusé. Ce qui m’embête le plus, c’est que je ne comprends pas pourquoi ça ne fonctionne pas avec moi. Il manque un petit je ne sais quoi, cette fameuse « magie » qui n’opère pas avec les titres de Ubisoft. Curieusement, je suis plutôt « bon public » pourtant. L’incompréhension est totale. Une curiosité qui n’affecte que les jeux de cette société. Sacrément embêtant surtout si une licence comme « Driver » revenait et qui aurait tout pour rivaliser avec un « Grand Theft Auto ». Bien que cette franchise a pris une tout autre direction, il y avait là un sacré univers à explorer pourtant Ubisoft a fait le choix d’en faire une série de « jeux de bagnoles », certes amusants, mais qui s’éloigne complètement des épisodes originaux qui étaient une vraie proposition, à l’époque.

Que s’est-il passé ces dernières années ? J’ai tellement joué à des jeux Ubisoft dans ma jeunesse, pourquoi je n’y arrive plus aujourd’hui ? Comment se fait-il que je préfère jouer à « Beyond Good & Evil » sur ma PlayStation 2 plutôt qu’à un « Assassin’s Creed Valhalla » qui va sûrement ne pas réussir à m’intéresser ? Je n’ai vraiment pas les réponses à ces questions mais pour moi, quelque chose a disparu de ces productions. Ce n’est clairement pas un manque d’ambition ou de talent mais ça ne fonctionne pas pour moi. Est-ce qu’un climat plus sain chez Ubisoft pourrait affecter les jeux à venir ? C’est tout ce que je souhaite. Moi aussi j’ai envie d’aimer « Assassin’s Creed » et les changements qui s’opèrent dans la boite de Mr Guillemot auront peut être des effets sur les productions à venir et qui leur donneront plus de profondeur ?

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