Returnal : de la difficulté pour une stratégie commerciale ?

C’est un vieux débat qui revient assez souvent, la difficulté d’un titre divise souvent la communauté gaming. Des deux côtés les arguments peuvent être entendus mais cela pose aussi certaines questions autour de la popularité de ces titres qui restent dans une niche et qui sont loin d’être populaires.

Returnal

Un jeu de niche

Si l’univers de Returnal semble très riche et aurait pu attirer bon nombre de joueurs amateurs de science-fiction, les premiers tests qui sont tombés expliquent très bien qu’il ne s’agit pas là d’un titre grand public. En effet, le modèle du rogue-like (et on s’en doutait) reste assez complexe à appréhender et à accepter. La moindre erreur est fatale et vous obligera à tout reprendre depuis le début. Autant le dire tout de suite, cette exclusivité PS5 n’est pas pour tout le monde. Si ces jeux ont tout à fait leur place dans le paysage vidéoludique, on se demande toutefois s’ils sont encore pertinents. Surtout lorsque l’on sait que la plupart des joueurs ne finissent jamais les jeux et que la culture du « picorage » commence à s’imposer avec l’apparition des offres comme le Game Pass.

La popularité n’est pas forcément le signe de qualité mais cela signifie aussi qu’un Returnal ne fera jamais autant de ventes qu’un Uncharted. Les jeux hardcore sont destinés à une toute petite franche de la communauté. Cela signifie également moins de rentrées d’argent et probablement moins d’ambition dès le début du développement. Quand on s’adresse à une petite clientèle, on adapte son budget et c’est tout à fait logique. Si Rockstar reste un cas à part, on estime que Red Dead Redemption 2 aurait coûté entre 300 et 500 millions de dollars (c’est une estimation). A aucun moment, on pourrait avoir autant d’ambition dans un titre destiné à une petite partie du marché. S’il reste difficile d’obtenir des chiffres, on imagine mal PlayStation signer de très gros chèques pour un jeu qui vise les core gamers.

Une exclusivité pour les early adopters ?

Returnal sort un peu de ce que nous ont habitués les PlayStation Studios. La PS5 commence tout juste à avoir un petit parc installé et il est évident que ce ne serait pas très pertinent de publier immédiatement les jeux les plus populaires. Une stratégie relativement logique et qui fait suite à Demon’s Soul qui, lui aussi, est destiné à cette même franche de joueurs. Bien qu’il reste assez difficile de savoir qui sont les premiers acheteurs de la PS5, on peut tabler sur ces core gamers qui n’ont pas hésité une seule seconde avant de se procurer la nouvelle machine de Sony. En terme de choix, cela reste pertinent de proposer des jeux destiné à ce petit marché. En revanche, Returnal est loin d’être un produit d’appel pour le grand public.

Parce qu’une société comme PlayStation ne fait pas les choses au hasard, en proposant Returnal maintenant, il contente les early adopters en attendant les gros triple A qui boosteront les ventes de la PS5. On ne peut pas laisser les premiers acquéreurs de la machine sans jeu, c’est un fait. Toutefois, je pense que ce segment du marché est déjà acquis pour Sony et il est plus qu’évident qu’il est temps qu’un Horizon Forbidden West arrive bientôt pour attirer une plus grosse majorité de joueurs. On ne va pas se mentir, Returnal ne sera pas LE jeu de l’année. Si la plupart des tests parlent d’un bon titre, il est évident qu’il ne va pas toucher tout le monde.

Un « élitisme » qui tire vers le bas ?

Le fait de ne pas pouvoir choisir son mode de difficulté n’a-t-il pas tendance à faire fuir les joueurs les moins chevronnés ? Et donc limite les studios qui pourraient proposer ce genre de titres. Si on peut tout à fait comprendre que cette fameuse difficulté « fait partie de l’œuvre », elle limite aussi son public et donc les jeux qui pourraient proposer ce genre de challenges. Avec un film complexe, on peut tout à fait se documenter pour tenter de le comprendre, faire du sport entre amis n’est pas interdit parce que l’on a pas un niveau professionnel alors pourquoi le jeu vidéo devrait-il fermer ses portes à certains joueurs ? C’est une véritable question à laquelle on doit se confronter. Si les jeux core gamers restent limités à une certaine partie de la communauté, ils ne seront jamais populaires et il est assez peu probable que le nombre de titres de ce genre se multiplient. Typiquement les récents Doom ont fait le choix de proposer des modes de difficultés, ça n’enlève en rien l’expérience « normale » même si en mode facile on dégrade quelque peu le principe du titre. En revanche, c’est une excellente manière de toucher un plus large public.

Aussi, en proposant cette option, on attire de nouveaux joueurs vers un genre qu’ils ne connaissent pas forcément. Découvrir un rogue-like en « facile » et se dire que c’est trop simple à mesure que l’on acquiert du skill et monter en niveau d’une autre manière reste un bon moyen de découvrir ce type de jeux, selon moi. Parce que les jeux vidéo ne proposent pas que du gameplay, il reste aussi intéressant d’explorer un univers sans devoir souffrir. Je ne doute pas une seul seconde que Returnal a quelque chose à raconter et qu’effectivement sa difficulté renforce l’implication du joueur mais est-ce que cela signifie qu’il n’a que ça à dire ? Si c’était le cas, ça serait vraiment triste et l’histoire que l’on nous raconte pourrait tout à fait être appréciée autrement même si, effectivement, on perdrait un peu d’implication. Un jeu « juste » dur n’est pas forcément un bon jeu.

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