Ces dernières années, les dérives sécuritaires des Etats inquiètent. Alors que de nombreux militants sont fichés ou sont carrément arrêtés, se pose alors la question du droit d’être un opposant politique. Même en France, certains textes de loi peuvent faire peur et concernent tous les citoyens et les créateurs de contenus.
Toujours une bonne excuse pour censurer
On l’a vu notamment avec l’amendement autour de la protection des mineurs ajouté dans la loi visant à lutter contre les violences faites aux femmes. Si ce petit texte semble anodin, il va essentiellement servir les intérêts de Dorcel qui a fait beaucoup de lobbying pour le mettre en œuvre. Dans la pratique cette nouvelle forme de censure va surtout toucher ses concurrents et ouvre une porte de pandore puisque le CSA pourra désormais fermer n’importe quel site qu’il jugera « pornographique ». Lorsque la morale prend le pas sur la raison. D’autant plus que l’on sait depuis très longtemps que les divertissements n’ont aucun effet sur les comportements. Cet amendement n’avais absolument rien à faire dans ce texte de loi, d’autant plus qu’il existe d’autre solutions moins dangereuses pour assurer la protection des mineurs.
La surveillance généralisée des réseaux P2P par l’HADOPI (qui aura coûté la modique somme de 85 millions depuis sa création), permet de savoir en permanence quels sont les fichiers qui sont échangés entre Internautes. Une institution inutile qui n’aura servi à rien depuis 2009 sinon donner des outils qui permettent le contrôle des échanges entre citoyens. D’autant plus inutile que l’on sait maintenant que c’est l’offre légale qui permet de lutter efficacement contre le piratage des œuvres artistiques.
Plus récemment, c’est la loi antiterrorisme, qui derrière ses airs de chevalier blanc, instaure une nouvelle surveillance généralisée des français. Si la dérive totalitaire se fait sentir depuis quelques années, il ne faut aucun doute qu’elle s’installe dans notre pays de manière insidieuse. Un texte, une nouvelle fois, voté en force et qui est déjà obsolète. Un terroriste ne laissera jamais son historique ouvert à n’importe qui et utilisera déjà des outils chiffrés.
Communiquer en sécurité
La chose à éviter le plus, c’est très probablement l’utilisation des services et logiciels des GAFAM. En effet, ces sociétés privées qui en savent beaucoup sur vous sont dans l’obligation de délivrer vos données personnelles aux autorités lorsqu’elles en font la demande. Concrètement, si vous êtes militant·e, il est nécessaire d’utiliser un système d’exploitation libre et ouvert. On ne peut que vous recommander de vous tourner vers Linux. Une distribution comme Tails a d’ailleurs été pensée pour protéger au maximum sa vie privée. Vous pourrez le lancer à partir d’une simple clé USB et toutes les données seront effacées à la fin de votre session. Un outil utile pour les journalistes, les militants et tous les opposants politiques.
Chiffrer ses échanges reste aussi indispensable. Encore une fois, Messenger ou Whatsapp sont à proscrire dans votre utilisation militante. Généralement on conseil Signal qui permet de discuter avec ses contacts de manière sécurisée. Il en existe d’autres comme Telegram mais on préfèrera tout de même le premier. Bien entendu, les SMS et les communications vocales via le réseau mobile sont aussi à éviter puisque ces échanges peuvent aussi être interceptés. A noter également qu’un smartphone peut tout à fait être géolocalisé par un opérateur même si vous désactivez la géolocalisation sur votre système.
Surfer en liberté
Pour contourner la censure qui s’opère petit à petit, il existe des solutions relativement simples à mettre en place. Changer les DNS de son fournisseur d’accès à Internet permet de débloquer la plupart des sites censurés en France. OpenDNS ou la solution de Cloudflare permettent de contourner la censure en quelques clics. Attention toutefois, cela ne vous protège en aucun cas de la surveillance d’un Etat mais c’est une option intéressante si vous avez besoin de consulter un site bloqué.
On parle souvent de VPN et si c’est intéressant pour avoir accès à des contenus géolocalisés et lever certaines censures, ça n’est pas non plus la solution la plus sécurisée. Elle peut rendre le pistage plus complexe mais il faudra bien lire les conditions d’utilisation de votre fournisseur de service. Tous ne sont pas égaux en matière de protection des données personnelles. L’effet pervers d’un VPN, c’est que vos données sont centralisées au même endroit. Une chose qui ne semble pas forcément idéale de manière générale.
Concrètement, la seule solution viable reste le réseau TOR. La complexité de cette solution rend très difficile le suivi des individus. Selon nous, c’est encore la solution la plus sécurisée pour surfer anonymement. Plutôt que d’opter pour un VPN à 100 balles à l’année, choisir le réseau TOR et participer à la création de nœuds est beaucoup plus pertinent. Parce que ce réseau repose essentiellement sur son nombre d’utilisateurs. Si la vitesse peut être moindre en utilisant TOR Browser, par exemple, c’est encore le meilleur moyen de ne pas être pisté.
De manière plus générale, éviter les navigateurs comme Edge, Chrome ou Safari semble être une sage décision. Optez plutôt pour le seul navigateur dont le code source est disponible à tous : Mozilla Firefox. Couplé à un bloqueur publicitaire comme uBlock Origin et/ou Ghostery, vous limiterez le suivi de nombreuses sociétés privées qui pourraient totalement être contactées et sommées de délivrer vos informations personnelles à un Etat totalitaire.
Se protéger même si l’on a rien à se reprocher
Parce que c’est un problème qui concerne tous les citoyens, laisser un Etat avoir le contrôle total sur ce que les Internautes ont le droit ou pas de consulter est un véritable danger, non seulement pour la liberté d’expression mais aussi sur nos droits fondamentaux d’accès au savoir. En France, des militants·es écologistes, féministes ou qui luttent pour le droit de la communauté LGBT+ sont fichés (quand ils ne sont tout simplement pas arrêtés par les forces de l’ordre). Aussi incroyable que cela puisse paraitre, de nombreux mouvements sont muselés par un Etat qui tente d’amoindrir certains discours d’opposants politiques.
S’il est nécessaire de continuer à lutter pour nos droits et nos libertés, il va devenir de plus en plus important de se protéger d’une surveillance de plus en plus malsaine. Parce que l’Internet a permis de lancer de beaux mouvements révolutionnaires, il est évident que les Etats commencent à perdre le contrôle sur leur peuple et si on peut estimer que c’est une bonne chose, les textes de lois qui sont votés petit à petit montre bien la volonté des gouvernements d’avoir la main mise sur tout ce qui est dit, partout, tout le temps.