Annoncé il y a quelques mois et présenté récemment, le casque de réalité virtuelle de PlayStation s’est enfin dévoilé. Loin des paillettes et du buzz médiatique autour de ce nouvel accessoire, on essaie de comprendre cette stratégie assez bancale qui n’invite ni à la confiance, ni à la démocratisation de la VR.
Pas de rétrocompatibilité
On avait déjà évoqué le cas de la PS5 qui n’est pas rétrocompatible avec les titres des précédentes générations. Pire, les DualSense 4 ne fonctionnent pas sur les jeux récents. Une posture qui ressemble plus à un doigt d’honneur aux fans de la marque les plus fidèles qu’à une réelle difficulté technique. A l’heure où l’on parle de sobriété, imaginer tout ce hardware et ces jeux physiques devenir obsolètes est assez contre-productif. S’il peut effectivement y avoir des problèmes de compatibilité notamment pour les jeux PS3 (une machine dont l’architecture est complexe), pour tout le reste, il n’y a vraiment rien d’insurmontable.
Le premier PS VR peut être utilisé sur la PS5, à condition de posséder des Moves ou des DualSense 4 et un adapteur que vous pouvez obtenir gratuitement chez PlayStation ou chez Amazon contre quelques Euros. Un effort louable mais il ne faut pas se le cacher, son successeur, le PS VR 2 était attendu comme le rédempteur. Malheureusement, et ça devient une habitude, on a appris que les titres ne seront pas rétrocompatibles. On parle de versions enhanced et on imagine qu’on va, une nouvelle fois, devoir remettre la main au portefeuille pour racheter les jeux que l’on possède déjà. Un bon petit business qui permet de revendre des titres de la génération précédente. Sale.
Si on comprend certaines contraintes techniques liées aux nouveaux contrôleurs et au nouveau mode de fonctionnement de ce PS VR 2 qui utilise des caméras embarquées. Dans la pratique, de nombreux titres n’utilisaient pas forcément ces technologies. Le casque servant essentiellement à déplacer la caméra. Pourtant ces jeux ne fonctionneront pas non plus. Réduisant un catalogue déjà modeste en terme d’expériences. S’il y a de belles choses qui arrivent sur ce nouveau casque de réalité virtuelle, on se coupe totalement de tout ce qui a été précédemment développé et, encore une fois, c’est triste. D’autant plus que la plupart de ces jeux ont été développés par des petits studios qui n’auront pas tous les moyens, ni l’envie de patcher ces divertissements sans prétention.
Peut-on encore faire confiance à PlayStation ?
C’est une question importante qui se pose de plus en plus. Comme je le précise régulièrement ici, je suis un fan de la première heure de la marque. Pourtant sur cette génération, ils accumulent les mauvais choix et confirment que l’on ne possède plus rien. En rendant le hardware obsolète via le logiciel ou en refusant de faire des efforts pour aller dans le sens des fans, on se demande si on peut encore faire confiance à PlayStation et plus généralement à Sony. Parce que l’avenir c’est le tout dématérialisé, on s’y prépare petit à petit mais quand on voit ce genre de pratiques, on commence sérieusement à douter du sérieux de l’entreprise sur ces sujets capitaux concernant l’avenir du gaming.
Même si tout est loin d’être parfait chez Xbox, on a eu tout de même quelques efforts de faits concernant la rétrocompatibilité avec la possibilité de télécharger des versions compatibles de ses anciens jeux. Votre version physique du jeu servant de « clé » pour ce téléchargement. Ca n’est pas idéal et pas forcément ce que l’on attendait mais c’est mieux que rien. Evidemment, face à PlayStation, on se contente de peu, c’est un fait. Ajoutons à cela que ces nouvelles versions de ces anciens titres sont améliorées. On profite ici de « remasters » gratuitement si on possède déjà le jeu. Si l’intention est très louable, on aurait préféré que tous les jeux fonctionnent de manière native sans forcément de fioritures.
On s’est fait à l’idée que le dématérialisé était l’avenir. Toutefois au regard des méthodes et des différentes approches de ces deux sociétés, nos yeux se tournent de plus en plus vers Xbox. En effet, si l’on doit ne plus rien posséder, autant se diriger vers l’offre la plus abordable et il est évident que c’est le Game Pass qui sortira gagnant de cette guerre. Sony n’a clairement pas les moyens de lutter face à Microsoft qui propose ses exclusivités triple A dès la sortie dans son catalogue. PlayStation, de son côté, propose un catalogue, certes intéressant mais qui est très loin de rivaliser. La « rétrocompatibilité » faisant partie de son offre premium plus épée bouclier (on ne sait plus).
De fan hardcore à « meh »
PlayStation a encore de belles exclusivités (quand elles seront disponibles). C’est la force de la marque et ce qui fait qu’on va les préférer (ou pas) à Xbox. Malheureusement refaire payer ses clients les plus fidèles pour une version remasterisée d’un jeu que l’on a déjà acheté n’est pas forcément un très bon move. Cette génération de console était la promesse d’une transition en douceur avec de jolies améliorations pour profiter des nouveaux hardwares. Dans la pratique, on réalise à quel point PlayStation tire sur la corde.
Si c’est réellement l’avenir qui se dessine, j’ai peur pour la conservation du patrimoine vidéo-ludique mais aussi de cette politique tarifaire qui pourrait bien entrainer une véritable lassitude des joueurs. A tel point qu’on se demande aujourd’hui, si finalement l’achat d’un bon PC n’est pas plus pertinent. A l’heure où le streaming commence à se faire une place sur le marché, il ne fait aucun doute que dans quelques années, il n’y aura pratiquement plus aucun intérêt à acheter une console. Ces marques cesseront d’être des constructeurs pour devenir des prestataires de services.
En perdant ainsi la main sur les médias que nous achetons, c’est toute une économie qui va aussi s’effondrer : l’occasion. A la vue des prix pratiqués par PlayStation, on ne peut qu’avoir peur de cet avenir qui s’annonce assez sombre et qui risque de faire de ce divertissement un vrai luxe que tous ne pourront pas se permettre de consommer. Le but, à terme, c’est bien cela, avoir une emprise totale sur la distribution des jeux. Et lorsque nous n’aurons plus le choix, les tarifs augmenteront à coup sûr.
Comprenez aussi qu’il fort probable que ces plateformes qui fonctionnent à base de forfaits pourraient bien aussi avoir un impact sur la qualité générale des jeux. On l’a vu avec Netflix qui offre des divertissements intéressants mais qui sont très loin de ce que l’on peut avoir au cinéma traditionnel. Les jeux vendus 80€ à l’unité est très clairement une aberration mais les brader sur un Game Pass n’est pas non plus une bonne solution, selon moi.
Plus le temps passe et plus j’ai le sentiment que cette PS5 est en train de devenir un casino. Je regrette cette époque où PlayStation faisait réellement des efforts en terme de rétrocompatibilité. La PS2 et les premières PS3 étaient fabuleuses pour ça. Aujourd’hui, il ne manque plus qu’un port pour insérer sa carte bleue dans la console. C’est moche.