Annoncé en grandes pompes en septembre dernier, le remake de « Prince of Persia : Les Sables du Temps » a mis en émoi la communauté de joueurs. Pas forcément pour les bonnes raisons. En effet, les premières images du trailer ont laissé les fans de la franchise un peu sur leur faim tant les graphismes semblaient venir de la génération précédente de consoles. Le remake de « XIII » s’est aussi cassé les dents sur cet exercice au point que le titre est quasiment injouable. Retour sur une industrie qui a perdu pied.
En roue libre
Les remakes ont le vent en poupe mais tous ne sont pas des réussites. Un produit facile à mettre sur le marché et qui permet aux studios de se faire un peu d’argent de poche. Si l’idée est de proposer d’anciens jeux à de nouvelles générations de joueurs est plutôt une bonne chose, malheureusement, l’appât du gain et la rentabilité semble prendre le pas sur la qualité des oeuvres qui sont publiées. Si on peut comprendre que Microids n’a pas les reins assez solides pour faire face à la crise sanitaire, on se demande toutefois s’il y a eu des contrôles qualité sur le titre « XIII » qui n’est qu’une suite de bugs et dont la direction artistique nous fait préférer l’original. Un jeu qui n’est vendu que quelques Euros sur les plateformes de téléchargement, de nos jours.
Du côté de chez Ubisoft, c’est le trailer de « Prince of Persia : Les Sables du Temps » qui aura fait grincé des dents tant les choix artistiques semblent être de mauvais goût. Tous les jeux n’ont pas vocation à être des triple A mais dans le cas des remakes, les développeurs ne partent pas de zéro. Le matériaux de base a déjà posé de solides fondations et de la part d’une société comme celle de Yves Guillemot, c’est assez inexcusable. Nos amis bretons ont donc pris la décision de décaler la sortie afin de peaufiner le titre, une chose qui semble plus complexe pour Microids qui risque de perdre beaucoup avec ce très mauvais remake de « XIII ».
Remake ou remaster ?
Il y a une notion qu’il est important de comprendre. La différence entre un remake et un remaster n’implique pas forcément les mêmes contraintes. Dans le cadre d’un remake, il s’agit généralement d’une mise à jour visant à faire tourner les jeux sur les machines modernes. La plateforme GOG est passée maîtresse en la matière et on ne peut que vous recommander de télécharger les anciens jeux là-bas. Le remake peut, parfois, tenter de rehausser les graphismes et proposer des résolution adaptées à nos écrans. Dans ce cas, les textures et le gameplay ne sont pas touchés, il s’agit plus d’une approche technique.
Ici, les remasters tentent de tout reprendre. De nouvelles textures sont imaginées, les modèles 3D sont revus et corrigés et le gameplay peut parfois être modernisé. On peut citer l’excellent « Shadow of the Colossus » qui a eu le droit à un très bon remaster sur PS4. Le studio Bluepoint Games qui en est à l’origine semble s’être spécialisé sur ce secteur et sait capter l’essence des titres originaux. Un exercice très complexe qui demande de connaître le matériaux de base sur le bout des doigts. De manière générale, un remaster demande plus de temps et de travail avant d’être proposé au public.
Argent facile
En tant que joueur, on aime ces remasters. Leur succès ont bien fait comprendre aux studios qu’il y avait là un vrai marché et une bonne manière de faire de l’argent sur des franchises déjà rentabilisées. Un gain de productivité est aussi à prendre en compte tant l’écriture, le développement des personnages et de l’univers sont déjà là. On a trouvé ici, un très bon moyen de proposer des oeuvres qualitatives tout en réduisant les coûts. Sur le principe ça n’est pas très dérangeant, d’autant plus que ces remasters sont rarement vendus au prix fort ou connaissent rapidement une baisse de tarif.
Si on attend avec impatience la « Mass Effect Legendary Edition », on ne peut pas en dire autant d’un « Prince of Persia : Les Sables du Temps ». Le soufflé est retombé suite à la présentation du premier trailer. Une licence qui aurait probablement mérité un meilleur traitement et si le décalage de sa sortie va probablement un peu améliorer les choses, on imagine difficilement que le jeu va totalement changer à ce stade du développement.
Une déconvenue plutôt désagréable surtout quand on sait à quel point la licence « Prince of Persia » est importante dans l’histoire du jeu vidéo et à quel point les joueurs ont apprécié l’épisode réalisé par Ubisoft. On aurait aimé un peu plus de passion dans ce remaster. Alors que des rumeurs parlaient d’un futur jeu nextgen, on se demande si cette débandade ne va pas remettre la franchise sous le tapis. En tout cas, la déception est palpable dans la communauté gaming.
L’amour du jeu vidéo
Remettre la main sur des titres que l’on a connu dans notre jeunesse ou qui sont devenus complexes à être rejoués de nos jours est une belle promesse. Un remaster, c’est toujours une occasion de se replonger dans l’histoire du jeu vidéo et de retrouver certaines sensations que l’on a pu avoir dans le passé. On comprend que ce genre de produits soient populaires mais à force de trop tirer la corde, les joueurs pourraient bien se détourner de ces mises à jour de luxe. Faire découvrir d’anciennes licences à un nouveau public, c’est aussi une manière de l’élargir. En l’état actuel des choses, on a le sentiment que ces remasters desservent complètement la cause du jeu vidéo et des studios.
Dans un monde idéal, les éditeurs devraient capitaliser sur les gains de temps que présentent un remaster pour injecter un peu plus de moyens dans le développement. On imagine très bien un ancien titre avec de bonnes idées devenir un excellent jeu avec la technique actuelle. « Prince of Persia » est un très bon exemple. Le titre de Jordan Mechner est devenu très riche grâce au travail de Ubisoft et cette exploitation moderne de la franchise en ont fait des incontournables. Je reste toutefois assez fasciné comment Ubisoft est capable du meilleur comme du pire. On ne parle plus de la petite boite d’un entrepreneur mais d’une société Internationale avec d’incroyables ressources financières mais aussi artistiques. Je le répète souvent mais, selon moi, Ubisoft s’est entouré des meilleurs développeurs mais leur talent n’est pas toujours bien exploité.
De toute façon, 2020 était une année pourrie. Deux déceptions de plus ne changeront pas grand chose.