Disponible sur le marché depuis 2006, le format Bluray permet d’obtenir une image numérique de très grande qualité. Malgré des arguments de poids face au DVD, la HD n’a jamais réellement remplacé son aîné. Un marché en berne depuis l’arrivée du streaming mais est-ce la seule raison du désintérêt du grand public pour ce média ?
Des tarifs peu attractifs
La promesse du disque optique au début de sa production dans les années 80, c’était surtout la réduction des coûts face à des formats comme la VHS, le vinyle ou la cassette. En effet, les médias de l’époque étaient complexes à fabriquer. Avec un coût de moins de 1€ pour les plus grands pressages, l’accès à la culture aurait dû être rendue plus simple. Dans la pratique, ce nouveau format aura surtout permis d’augmenter les marges des productions et des revendeurs, laissant sur le bord de la route le consommateur qui s’attendait à une révolution de ce côté là.
Encore aujourd’hui, on ne peut pas dire que le format physique soit bon marché. En moyenne, on trouve un film dans les 15-20€ voir 30€ pour les titres les plus récents ou offrant de la 4k. Autant dire qu’on ne peut pas dire que ces coûts de fabrication ont particulièrement été répercutés sur les prix de vente. Si effectivement on peut trouver des films en promotion, c’est souvent du fait de grosses entreprises comme Amazon qui réduit ses marges en offrant à ses employés des conditions de travail discutables. On ne peut pas dire que cette révolution numérique aura réussi à rendre abordable le média.
Encore aujourd’hui, le DVD représente plus de la moitié du marché. Pas besoin de chercher plus d’explications que le prix qui a très largement baissé ces 15 dernières années. La preuve qu’il aurait tout à fait été possible de rendre plus abordable les films dès l’apparition des disques optiques. En moyenne, le coût de fabrication représente 10% du tarif, autant dire que ça n’est pas ce qui justifie les prix publics que l’on peut constater un peu partout.
Une qualité aléatoire
Bien que le Bluray promettait bien des choses comme des contenus exclusifs au format, on ne peut pas dire qu’il aura su séduire le marché. Il faut dire que l’expérience générale avec ce média n’est pas toujours très fluide. D’un lecteur à l’autre, on n’obtient pas forcément les mêmes résultats. Certains films étant difficiles à lire quand ils ne refusent carrément pas de se lancer. En cause, des DRM particulièrement contraignantes (qui ne posent problème qu’à ceux qui achètent des films) et une qualité de fabrication qui n’a cessé de diminuer. A tel point que certains consommateurs se sont réunis autour du collectif bénévole Bluray Défectueux.
Un média assez peu interopérable qui peut péniblement être lu sur PC, par exemple. Une chose est certaine, les Bluray n’ont jamais été simples à utiliser et, encore aujourd’hui, c’est un véritable problème. On comprend mieux pourquoi le grand public n’a jamais réellement accroché malgré la présence de lecteurs comme la Xbox ou la PlayStation dans de nombreux foyers. En théorie, on aurait dû préférer ce format mais les nombreux mauvais choix de l’industrie auront contraint les utilisateurs à se réfugier dans le DVD ou le piratage, un peu plus simples à consommer sur n’importe quel lecteur optique ou n’importe quel PC.
Avec la démocratisation des écrans 4k, on aurait pu espérer un peu plus d’enthousiasme face à l’UHD mais force est de constater que le prix aura eu raison de cette nouvelle révolution. Car dans la pratique, le coût de fabrication d’un Bluray classique ou 4k est plus ou moins le même. Seul le marketing justifie ces tarifs qui détournent les gens du média. Seuls les plus passionnés et exigeants sautent le pas.
L’avènement du streaming
Alors certes, l’offre streaming a explosé ces dernières années mais on ne peut pas dire qu’en terme de qualité d’image, on soit arrivé à celle d’un Bluray. La compression est particulièrement visible sur nos écrans modernes mais les tarifs très attractifs des Netflix et autres Disney+ ont largement pris le pas sur le reste. Aujourd’hui, le dématérialisé représente la moitié du marché, ce qui laisse de moins en moins de place à un format physique. Pourtant les arguments des disques optiques ne manquent pas. Que ce soit les très nombreux bonus que l’on ne trouve nulle part ailleurs ou la qualité générale de l’image, ce ne sont des choses qui n’intéressent que très peu le grand public. C’est regrettable car ces œuvres et leurs contenus associés pouvaient être conservés jusqu’à aujourd’hui.
Tout comme le marché de la musique où la qualité sonore n’a jamais été revue à la hausse depuis près de 10 ans, le streaming de films et de séries tend également à tirer le niveau vers le bas sur ce point. Quand on connait le coût exorbitant de la bande passante, il est peu probable que l’on arrive un jour à une qualité Bluray UHD en ligne. Peut être dans plusieurs décennies lorsque la fibre ultra haut débit sera la norme partout. C’est encore loin d’être le cas et cela pourrait coûter cher au consommateur. Difficile d’imaginer une bande passante bon marché, à moins d’une révolution dans la compression vidéo. Mais qui dit compression, dit forcément perte de qualité. Pour le moment, seul le Bluray permet une expérience optimale (quand ça fonctionne).
Le grand public a-t-il compris ?
Au lancement du format Bluray, les publicités montraient bien la disponibilité des formats DVD et Bluray. La véritable question que l’on peut se poser c’est est-ce que les consommateurs ont bien compris ce qu’offrait ce format ? Difficile d’imaginer un foyer sans écran HD de nos jours. Ce que propose un DVD est bien en dessous de ce que peuvent afficher ces écrans. Pire, le streaming offre une qualité supérieur à ce vieux format. Bien que les films se vendent encore assez bien et que la plupart des gens sont équipés pour lire les Bluray, on peut légitimement se demander si tout le monde a bien compris de quoi il s’agit. Techniquement, il aurait dû largement supplanter le DVD depuis des années maintenant.
Une chose est certaine lorsqu’il s’agit de passer à la caisse et qu’il faut choisir entre un DVD à 10€ ou un Bluray à 20€, la solution est vite trouvée et c’est tout à fait compréhensible. Parce que Mr Dupont, il veut lire son film où il veut, sur sa télé ou sur son laptop. Avec le Bluray, rien n’indique qu’il pourra en jouir comme bon lui semble. La faute à des DRM pernicieuses qui rendent l’utilisation complexe pour des raisons farfelues qui ne rassurent que les producteurs qui ont peur du piratage. On leur rappellera tout de même que ces foutues protections n’empêchent en aucun cas de pirater les films et, encore une fois, ne pénalisent que les consommateurs. Si un média est lisible quelque part, il est forcément copiable d’une manière ou d’une autre. Les DRM ne servent à rien sinon à freiner l’essor d’un format qui aurait dû devenir populaire.
Une suite de mauvais choix et une communication bancale auront eu raison du format prometteur qu’était le Bluray. S’il est peu probable que l’industrie se remette en question, on espère toujours une meilleure interopérabilité de nos films. Claquer la porte au nez de VLC est, par exemple, la preuve que les usages ne sont pas compris et que l’on est toujours dans ces optiques absconnes de lutte contre le piratage. L’histoire nous a montré qu’une offre sérieuse est encore le meilleur moyen de détourner les gens de ces sites obscures. Quoi qu’il arrive, il y aura toujours une franche de la population moins aisée qui piratera, c’est un phénomène qui est loin d’être nouveau. Parce que l’offre Bluray n’a jamais été sérieuse, quoi qu’on en dise.