PlayStation 5 : La 9è génération de console comme dernier espoir de la conservation du patrimoine vidéo-ludique ?

Depuis le tout début de l’histoire du jeu vidéo, le format physique avait une importance capitale. Déjà parce qu’il n’y avait pas le choix mais aussi parce qu’il y a tout un culte autour de « l’objet ». Les collectionneurs savent de quoi je parle, certains n’hésitant pas à tenter de rassembler des fullsets de certaines machines. Une collectionnite qui a un vrai intérêt de conservation du patrimoine.

PlayStation 5

Avec l’arrivée de l’Internet et surtout du haut débit, la notion de propriété a radicalement changé. De nos jours, avec le dématérialisé, on ne possède plus vraiment nos achats. C’est de la location sur une durée plus ou moins longue. Avec des plateformes comme Steam, Origin ou encore GOG, le jeu vidéo a vu son marché se transformer pour atteindre des niveaux de rentabilité jamais vus auparavant.

Les consoles n’échappent pas à cette évolution logique. Tous les constructeurs proposent désormais leurs services en ligne et c’est très probablement ce qui leur rapporte le plus d’argent. Entre jeux en téléchargement, micro-paiements et autres forfaits permettant la location de titres en illimité, ce média est devenu un produit de consommation courant. Toutefois, il se pose la question de la conservation de ce patrimoine très riche. S’il ne fait aucun doute que le jeu vidéo est un art, il est devenu indispensable de s’interroger sur l’avenir de ces divertissements qui n’existent que de manière « virtuelle ».

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur le piratage mais dans la pratique, on réalise vite que cette manière, un peu punk, de procéder a grandement aidé à cette conservation. Il suffit de voir comment certains abandonwares sont distribués sur la toile en utilisant des versions crackées, libérées de toutes protections. C’est aussi le piratage qui a favorisé cette culture du rétro-gaming pendant des années, aujourd’hui devenu un marché très juteux.

Les années passent et le matériel vieillit. Si on trouve encore bon nombre de consoles d’occasion et de nombreux passionnés qui mettent tout en oeuvre pour réparer et maintenir en vie ces machines, le fait est qu’elles n’ont pas une durée de vie illimité. On a vu alors apparaître des choses comme la Recalbox qui permet de faire tourner la plupart des titres 8 et 16 bits via des mini-ordinateurs bon marché. Ne nous voilons pas la face, si ces initiatives sont tout à fait légales, le partage des jeux et le téléchargement de ROM ne l’est pas.

Il y a une véritable envie de continuer à jouer à ces titres qui peuvent avoir jusqu’à 30 ans d’existence. Le cinéma, la littérature ou même les émissions de télévision sont conservées par de nombreux organismes publiques ou pas mais si la bibliothèque national de France conserve des milliers de titres, le fait est qu’il s’agit de formats physiques. Si l’initiative est excellente, c’est, encore une fois, du côté du hardware que le problème va se poser dans les années à venir.

L’association MO5 essaie du mieux qu’elle peut de conserver ce matériel mais QUID du grand public ? C’est là où les constructeurs ont un vrai rôle à jouer, d’autant plus que la 9è génération de console risque bien d’être la « dernière ». Nous allons vivre, dans quelques mois, un changement majeur sur ce média et il y a fort à parier que cette nouvelle génération risque de concentrer ses efforts sur le dématérialisé bien que le format physique risque de subsister encore quelques temps.

Etant un PlayStationophile depuis le début, je me pose la question de l’avenir de ces jeux que j’ai accumulé tout au long de ces années. Si j’arrive encore à trouver des PS1, PS2 et PS3 d’occasion, dans quelques années, ces machines vont devenir très rares. La PlayStation 5 n’aurait-elle pas tout intérêt à être rétro-compatible afin de permettre à tous les joueurs de profiter encore pendant quelques années de cette fabuleuse ludothèque ?

Si le passage de la PlayStation 3 à la PlayStation 4 posait des problèmes techniques pour cette rétro-compatibilité à cause d’un changement hardware important. Aujourd’hui, les machines sont, plus ou moins, des PC et avec une puissance de calcul incroyable, ce n’est plus réellement un soucis. Il y a bien évidemment le coût du développement logiciel et si ça n’a jamais été dans la philosophie de Sony, l’open-source pourrait être un excellent moyen de pallier à ça. On imagine très bien la communauté de développeurs se lancer corps et âme dans l’élaboration d’émulateurs pouvant tourner sur PlayStation. C’est d’ailleurs plus ou moins le cas avec les différents hacks des consoles que l’on peut trouver mais, là encore, la chose se fait de manière plus ou moins légale. Le constructeur ne gagnerait-il pas en sympathie en s’ouvrant un peu ?

La marque PlayStation est très importante dans l’histoire du jeu vidéo et s’il y a bien des remasters et des d’anciens titres en téléchargement, certains jeux, plus confidentiels, pourraient disparaître et c’est assez triste. La rétro-compatibilité se pose alors comme seul salut pour eux. Selon moi, il y aura toujours des clients pour le dématérialisé, le marché de l’occasion n’ayant peu d’impact sur le business. Comme beaucoup, j’achète toujours des jeux récents en physique ou en téléchargement. Pour autant, je conserve toujours ces vieux titres qui comptent pour moi.

Si du côté de Xbox, la rétro-compatibilité a été un argument tardif pour récupérer des utilisateurs, on aimerait que cette prochaine génération prenne en compte l’importance de ce sujet et si les constructeurs faisaient preuve d’un peu plus d’ouverture, on aurait peut être moins recours au piratage et au hacking ? Imaginer des ré-éditions de jeux au format d’époque serait aussi un bon moyen pour ces marques de montrer leur attachement à leurs communautés mais aussi à toute la culture qui s’est forgée autour d’eux. Avec, bien entendu, un marché qui ne demande qu’à grandir.

Pour être tout à fait honnête, si la PlayStation 5 tient cette promesse de faire tourner tous les jeux physiques des anciennes générations, ce sera un achat day one pour moi. Dans le cas contraire, je pense que je me réfugierai vers des solutions alternatives comme l’émulation. Il ne faut pas oublier que les passionnés de rétro-gaming sont ceux qui consomment le plus ce média et il serait dommage de ne pas prendre en compte cette demande, peut être anecdotique d’un point de vue commercial mais qui aurait un véritable effet positif sur l’image de marque des constructeurs. Comme dit plus haut, il n’y a pas réellement un problème de coût pour peu que l’on fasse preuve d’un peu d’ouverture.

Sony, la balle est dans ton camp.

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