Alors que l’on parle de la fin de l’abondance et que tous les indicateurs du climat sont dans le rouge, se pose aujourd’hui la question de l’énergie et plus particulièrement la consommation des foyers. Annoncées en grandes pompes, les nouvelles cartes graphiques RTX 4080 et RTX 4090 sont impressionnantes techniquement mais vont demander une alimentation minimum de 850 W. Allons-nous dans le bon sens ?
La course à la puissance
On aime le jeu vidéo et la création numérique. Jusqu’à présent, la consommation de nos ordinateurs était plus ou moins acceptable, de l’ordre de 500 W pour les machines les plus gourmandes. En une seule génération, cette consommation a tout simplement doublée. Bien entendu, il ne s’agit pas d’une puissance constante mais le fait est que ces nouvelles cartes vont avoir besoin d’encore plus d’énergie pour les applications les plus gourmandes. On pense, bien entendu, au gaming.
Il ne fait aucun doute que ces RTX 4080 et RTX 4090 ne sont pas forcément destinées au grand public mais plutôt aux joueurs exigeants et aux professionnels de la création 3D mais ces modèles sont clairement le symbole d’une évolution qui ne va pas forcément dans le bon sens. Cette course à la puissance va toucher les consommateurs les plus aisés, c’est évident. À long terme ces technologies vont devenir la norme et il est possible que dans quelques années, ces puissances demandées deviennent un standard pour toutes les gammes. Un phénomène que l’on a déjà vu par le passé.
Bien évidemment, il faut penser à cette consommation électrique qui peut effectivement faire gonfler sa facture mais aussi produire plus CO2 tant que la production d’énergie ne sera pas totalement renouvelable et infinie. La situation géopolitique actuelle ne permettant pas une augmentation significative de nos consommations, ce genre de produits semblent poser plus de problèmes qu’ils n’en résolvent.
Des compromis sont possibles
Lorsque l’on regarde du côté des consoles, on réalise à quel point leur conception permet de réaliser de belles économies d’énergie. En moyenne, une machine moderne consomme entre 100 et 150 W. C’est presque 10 fois moins qu’un PC de compétition. Bien entendu, ces consoles ne sont pas en mesure de proposer des graphismes en ultra sur tous les jeux mais est-ce bien nécessaire ? Surtout lorsque l’on connait les enjeux de l’avenir énergétique.
Avec une utilisation d’environ deux heures par jour, la consommation électrique d’une console peut coûter une vingtaine d’Euros par an, en moyenne. En revanche, avec un gros PC équipé de l’une de ces nouvelles cartes RTX 4080 ou RTX 4090, on peut estimer, sans risque, que ce coût peut doubler. Bien évidemment, les personnes capables de s’offrir un tel hardware sont probablement capables de payer ce genre de factures.
Au delà de l’aspect financier qui ne risque pas d’inquiéter les potentiels acheteurs de ces cartes graphiques, il est nécessaire de comprendre que cette tendance haussière de la consommation de nos hardwares gaming est assez alarmant. D’ici quelques années, il va vite être indispensable d’équiper son PC d’une alimentation qui dépassera les 1kW. Tout cela pour afficher des réfections dans des flaques d’eau virtuelles. Est-ce bien raisonnable ?
La consommation électrique doit devenir un argument commercial
Aujourd’hui, la course entre les différents acteurs du secteur des GPU se fait sur la puissance de calcul. À chaque nouveau modèle, on repousse encore plus les limites. Si, effectivement, cela offre de belles perspectives pour l’avenir du gaming, de la création numérique ou de l’IA, il se pose la question de cette consommation électrique excessive. Parce que nous sommes ici dans l’excès. De manière générale, le luxe est toujours un excès.
Et si les prochaines évolutions de ces hardwares concernaient leur consommation justement ? Et si la bataille entre les différents constructeurs se faisait sur leur capacité à la réduire ? Curieusement, du côté des alimentations, beaucoup de progrès ont été réalisés en terme de rendement mais ce que l’on a gagné avec ça, on est en train de le perdre avec les consommations des GPU mais aussi des CPU.
En tant que consommateur responsable, il faut maintenant prendre en compte ce paramètre. Peut-être faudra-t-il faire quelques compromis pour le moment ? Choisir son hardware en fonction de sa consommation, c’est aussi envoyer un signal aux constructeurs. Il est d’ores et déjà possible de faire de belles choses notamment avec les déclinaisons mobiles de ces GPU qui équipent certains laptops. Il est nécessaire de faire quelques concessions avec ce type de produit mais nous sommes déjà en présence de puces très puissantes capables de faire tourner la plupart des titres actuels.