Nextgen : des jeux trop longs et trop chers ?

La nextgen arrive dans quelques mois et déjà des rumeurs autour du prix des jeux va bon train. On parle d’une augmentation générale de l’ordre de 10€ sur la plupart des nouveautés qui sortiront sur PS5 ou Xbox SX. Voilà qui devrait inciter l’industrie vidéoludique à se remettre en question.

The Elder Scrolls V: Skyrim Special Edition

Durée de vie

J’avais déjà évoqué le sujet dans un autre article. Pour résumer, il faut savoir que 70% des joueurs ne finissent jamais les jeux qu’ils achètent. D’un côté, nous avons une petite partie de la communauté qui réclame des titres plus durs et plus longs et de l’autre des éditeurs qui vont devoir faire des pieds et des mains pour réduire leurs coûts de développement. Pour moi c’est très clair, la plupart des jeux sont beaucoup trop longs. Pendant longtemps, la presse spécialisée ajoutait des points en plus aux notes lorsque cette durée de vie était suffisante, selon eux. Or, avec le temps, les expériences se sont multipliées et il n’est pas rare de voir un jeu indépendant durant quelques heures obtenir une bonne note. Est-ce que le temps de jeu est un vrai critère ou faut-il noter l’ensemble de l’expérience ? J’ai tendance à penser qu’il faudrait supprimer les notes, il y a beaucoup trop de subjectivité lorsque l’on parle d’oeuvres artistiques car, oui, le jeu vidéo est un art.

Bien que ce critère de notation ait tendance à s’assouplir avec l’évolution du média, du côté des joueurs, cela semble être encore un argument commercial. On peut comprendre qu’un titre qui se vend entre 60 et 70€ se doit d’offrir son lot de contenu. Un serpent qui se mort la queue car ce tarif est très dépendant de la durée de vie qui est souvent augmentée artificiellement avec ces fameuses quêtes « FedEx » qui n’intéressent pas grand monde. Ajoutant encore plus de crunch aux équipes de développement qui travaillent des heures durant pour des choses qu’une grande majorité de joueurs n’apprécieront pas ou qui ne seront tout simplement pas jouées. On met, ici, le doigt sur l’un des problèmes de cette industrie qui produit des contenus absurdes afin d’obtenir un argument commercial qui n’a aucun sens.

Repenser l’industrie sur la prochaine génération ?

Dans un récent Tweet, Jason Schreier affirmait que les jeux étaient trop longs. Rapidement la communauté gaming s’est émue de cette affirmation. Il faut dire que le bonhomme connait son sujet et les discussions sous cette publication montre bien à quel point la majorité des joueurs semblent être d’accord. Un consensus assez inédit à un moment où l’évocation du budget des jeux nextgen est sur la table. Alors que le tarif des titres à venir risque de connaitre une hausse, se pose alors la question de cette fameuse durée de vie qui ne semble plus être très pertinente et ne serait un levier de croissance que pour une infime partie du marché. Et si les jeux étaient vendus moins chers et sans superflu, ne serait-ce pas une chose positive pour l’industrie qui pourrait alors se concentrer sur l’essentiel : le plaisir de jeu et l’expérience générale.

Cette curieuse augmentation du prix intervient aussi à un moment où les outils de développement n’ont jamais été aussi simple à utiliser et la puissance des machines qui vont arriver sur le marché va grandement faciliter certaines tâches. On peut, par exemple, citer les fichiers de textures qui n’auront plus besoin d’être déclinés dans différentes qualités. La rapidité des SSD et la puissance de calcul des chips graphiques pouvant désormais gérer les hautes résolution dans la plupart des cas, ce sont des centaines d’heures de travail en moins qui vont permettre de mettre le focus sur le jeu en lui-même. Selon moi, c’est plutôt la transition vers la nextgen qui coûtera chère mais une fois les outils maîtrisés, le personnel formé et les « astuces » de développement comprises, il y a de fortes chances que l’industrie pourra faire des économies. Si on ajoute à cela des durées de vie plus en phase avec la demande des joueurs, on peut tabler sur un prix relativement stable pour les productions à venir dans les années à venir. Enfin, si les studios restent honnêtes sur les coûts de développements et que ce prix fort du neuf ne devienne pas une nouvelle norme.

Le futur du gaming coûtera cher

S’il ne fait aucun doute que tout sera fait pour tester le marché, on se demande jusqu’à quel tarif l’industrie sera prête à proposer ses titres. Depuis la génération précédente, les prix n’ont que très peu évolué. Une transition en douceur qui ne justifiait pas forcément d’augmenter les budgets. Aujourd’hui, la plupart des machines sont basées sur la même architecture. En grossissant un peu le trait, que ce soit sur Xbox, PlayStation ou PC, le programme est plus ou moins le même. Bien évidemment, il faut adapter les titres aux spécificités des hardwares mais on est très loin du CELL de la PlayStation 3, par exemple. Quand on voit les prix pratiqués sur les stores dématérialisés des consoles, on comprend mieux pourquoi l’industrie aimerait que tout le monde se tourne vers cette solution. En mettant fin au marché de l’occasion et en limitant la rétrocompatibilité, la communauté devrait repayer les jeux qu’elle possède déjà et débourser le prix fort pour les nouveautés. Il n’y aura plus aucune concurrence et il ne fait aucun doute que ce sont les éditeurs qui fixeront les règles.

Si le dématérialisé a ses points positifs, une chose est certaine, sa démocratisation ne fera qu’entertainer une augmentation des prix malgré des coûts de développement réduits et une distribution qui se passera d’intermédiaires. Le but, ici, c’est clairement d’augmenter les marges d’une industrie qui se porte déjà très bien, laissant, de fait, sur le bas-côté les bourses les plus modestes. Se posera alors la question de l’accès à la culture pour tous. Une question qui n’intéressera pas les grosses sociétés du jeu vidéo tant que la rentabilité sera au rendez-vous.

C’est au consommateur de faire les bons choix. J’avais évoqué le sujet dans cet autre article sur la PlayStation 5 Digital Edition mais si la communauté accepte le dématérialisé dans toutes les situations et si la fin du marché de l’occasion se dessine dans un avenir proche, il ne faut bien réaliser que ces sociétés pourront faire ce qu’elles veulent avec les prix. Il faut être réaliste, ça n’est pas une baisse qu’il faudra attendre lorsque nous n’auront plus le choix. Les pass sont attrayants et sont bon marché pour le moment mais le resteront-ils toujours ? J’en doute.

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