Google vient d’annoncer la fermeture du studio Stadia Games and Entertainment qui devait produire des exclusivités pour la plateforme de streaming de jeux du géant de l’Internet. Ces 150 développeurs n’auront donc probablement pas le temps de faire leurs preuves puisqu’ils n’auront jamais proposé le moindre titre aux joueurs.
Un modèle bancal ?
Dès sa sortie, nombreux étaient ceux qui avait été déçu par le modèle économique de Stadia qui semblait totalement à l’opposé de ce qu’attend le marché. Pour ma part, c’est surtout la marque Google qui me pose problème. Cette entreprise est composée d’ingénieurs qui proposent beaucoup de choses régulièrement mais ce sont autant de projets qui tombent à l’eau avec le temps. On ne compte plus les applications géniales qui auront mis la clé sous la porte faute d’audience. Selon moi, quand on propose l’achat de contenu dématérialisé, il faut qu’il y ait une certaine garantie de pérennité. Chose que Google ne sait pas offrir à part pour quelques services historiques de la marque.
Au delà de la confiance, le streaming de jeux vidéo est très niché et risque de le rester encore un moment. Si en France nous avons la chance d’avoir des connexions assez solides avec des forfait illimités, ça n’est pas le cas partout dans le monde. J’avais déjà évoqué le sujet mais selon moi, cette technologie n’est pas accessible au plus grand nombre. Le très haut débit est encore loin d’être raccordé à tous les foyers et le développement du réseau ne se fait pratiquement que dans les grandes villes. Autant dire que le streaming en province, il faut oublier. Concrètement, il y a peu de chance que cette manière de consommer le jeu vidéo devienne la norme dans les années à venir.
L’argent ne fait pas tout
A grand renfort de millions de dollars, Google n’a pas su convaincre les quelques joueurs qui auraient pu être intéressés par Stadia. Un service qui pourtant était à la hauteur des attentes lorsqu’il était possible de l’utiliser. Bien que la qualité d’image était encore loin d’un affichage sur sa machine en local, la promesse était plus ou moins tenue. En mettant fin au studio Stadia Games and Entertainment, Google envoie un signal très fort aux joueurs. Clairement, Big G ne croit plus aux exclusivités sur sa plateforme. Pourtant c’est bien la seule chose qui donne envie de choisir un service plutôt qu’un autre. Que va devenir Stadia dans ce cas ?
Il ne fait aucun doute qu’il aurait fallu un tout autre business model et que l’achat à l’unité sur ce genre de plateforme était une erreur. Le succès du Xbox Game Pass semble montrer que c’est vers cette voie qu’il faut se tourner. Toutefois, sans exclusivité, le service Stadia perd grandement de son intérêt d’autant plus que l’offre de la concurrence est bien plus étoffée et bien moins chère. Dans ce contexte, il n’y a pas réellement de raison de se tourner vers cette offre si ce n’est un certain confort discutable et qui évite de longs téléchargements. Mais est-ce que ce petit confort est suffisant ? Je ne le pense pas.
L’avenir de Stadia
Ce qui est très clair ici c’est que Google ne souhaite plus investir dans le divertissement mais continuer à proposer des services. Encore une fois, la technologie de Stadia est très aboutie mais on peut légitimement se demander quel est sont intérêt lorsqu’en face on a un GeForce NOW de chez Nvidia qui permet de profiter de son catalogue de jeux déjà acquis. Un service bien plus pertinent qui peut être utilisé de manière sporadique sans à avoir à repasser à la caisse. Parce que tout le fond du problème est bien là, le streaming est juste un moyen alternatif de consommer des jeux que l’on possède probablement déjà. L’offre xCloud de Microsoft semble également aller dans ce sens et couplé au Game Pass, c’est un choix très intéressant pour les joueurs.
A priori, Google ne souhaite pas mettre fin à son service (pour le moment) mais aimerait proposer sa technologie aux éditeurs. On peut imaginer que certains jeux que vous achèterez à l’avenir pourront être utilisés gratuitement sur la plateforme de streaming. Un bon moyen de vendre des titres même pour les personnes qui n’ont pas encore une machine assez puissante. Typiquement, il y avait une carte à jouer avec Cyberpunk 2077 alors que la pénurie de consoles et de cartes graphiques bat son plein. Un rendez-vous manqué tant le titre a reçu un accueil mitigé malgré ses qualités. Pourtant Stadia était une excellente solution pour profiter de ce jeu dans de très bonnes conditions.
Un service optionnel
Sur le papier, le streaming de jeu vidéo vend du rêve mais dans la pratique on se rend compte que le marché n’est clairement pas prêt pour ça. On le voit bien, l’utilisation du cloud gaming reste encore très niché et si ce genre d’offres peuvent être intéressantes, dans la pratique elles n’intéressent qu’une toute petite partie de l’audience du jeu vidéo. Bien que la plupart de ces technologies soient très au point, elles n’arrivent pas réellement à séduire les joueurs qui semblent encore très attachés à leur hardware. On imagine aussi que pour certains casual gamers, l’idée peut aussi être intéressante, imaginer un tel service intégré dans un téléviseur et il sera possible de jouer sans débourser plus d’argent dans du matériel supplémentaire. Il est évident que cela arrivera mais pour cela, il faudra que le réseau se développe et que les forfaits soient illimités partout or c’est très loin d’être le cas. Il est important de comprendre que le réseau français et ses offres sont très particulières. Le reste du monde n’est pas aussi bien loti que nous.
De mon point de vue, le cloud gaming continuera à exister à l’avenir mais plus comme un service complémentaire permettant de joueur à ses jeux en mobilité. L’arrivée de la 5G pourrait d’ailleurs booster cette utilisation mais à son domicile on préfèrera retrouver une machine physique avec des jeux qui pourront être utiliser encore de longues années. Si on regarde concrètement ce qui existe, pour moi, c’est Microsoft qui a le mieux compris ce changement. L’offre Game Pass est pertinente et xCloud est une option pour ceux qui en ont besoin. Du côté de chez Nvidia, le concept est aussi intéressant puisque c’est un service qui est vendu et pas une fausse promesse d’une bibliothèque de jeux. En tout cas, on n’a pas fini d’entendre parler du streaming de jeu vidéo mais rien n’est réellement certain quant à la popularité qu’il pourrait avoir dans quelques années. Se poseront alors d’autres problématiques quant à l’usage qui demandera d’énormes ressources serveur et génèrera encore plus de Co² qu’actuellement.