1983, alors que l’industrie du jeu vidéo n’en est qu’à ses balbutiements, un crise vient frapper le secteur. Des pertes financières sans précédent pour le leader de l’époque, Atari et les nombreuses sociétés qui mettront la clé sous la porte signeront la mort de ce jeune média qui semblait pourtant promis à un brillant avenir. Il faudra ensuite attendre 2 ans et l’arrivée de la NES et plus particulièrement de Super Mario Bros en 1985 pour voir ce marché à nouveau dynamique.
Il faut dire qu’à l’époque, n’importe qui pouvait devenir éditeur et vendre ses jeux. Qu’ils soient bons ou pas. C’est probablement cet afflux massif de titres sans saveur qui lassera le public et qui passera rapidement à autre chose. Nintendo avait alors mis en place un contrôle qualité drastique afin que les jeux puissent être publiés sur sa machine. De cette manière, la firme nippone offrait un catalogue beaucoup plus intéressant que tout ce qui avait pu être fait auparavant.
Ce retour en arrière est intéressant parce qu’on constate qu’un secteur peut être très lucratif mais si on l’exploite un peu trop, il peut y avoir une saturation de la part des clients. Aujourd’hui, le business se concentre essentiellement sur les lootboxes et les microtransactions. Un modèle qui a fait ses armes sur mobile et qui, là aussi, semblait être l’avenir du jeu vidéo.
Ce fameux modèle économique s’est peu à peu immiscé sur le secteur des jeux dit « gamer » sur desktop et console entraînant avec lui son lot de polémiques et d’abus de la part des éditeurs. Entre les skins, pas forcément très utiles, et les autres bonus qui permettent tout simplement de gagner les parties (« pay to win »), la grogne s’est faite entendre. Les grandes boites du JV ont tout de même continué dans cette voie et il semblerait que l’on commence à voir les limites du système.
Depuis quelques mois, les licenciements dans le secteur sont de plus en plus nombreux et les ventes relativement décevantes. Des coupes budgétaires ici et là pour rassurer les actionnaires sont aussi le signe que quelque chose ne tourne plus très rond. Est-on en train de voir la naissance d’un nouveau krach ? On est tout à fait en droit de se poser la question même s’il est peut probable que la crise soit aussi violente que celle de 1983.
On peut aussi évoquer le succès colossale de Red Dead Redemption 2 dont l’expérience en ligne a complètement été massacrée au profit de ces micropaiements. Comment ne pas parler du très attendu Fallout 76 que l’on peut déjà trouver dans les bacs à soldes ou encore de Anthem qui a été déserté par les joueurs. La série des « Call of » en perte de vitesse est aussi un bon symbole de cette débâcle généralisée.
Dans ce genre de cas, il faut aussi se tourner vers les choses qui fonctionnent. Typiquement la politique de la PlayStation ou de la Switch porte ses fruits, la domination du marché console par Sony et Nintendo n’est plus à démontrer. La raison ? Tout simplement le catalogue de ces machines qui proposent des jeux solo ambitieux sans tous ces systèmes de shops intégrés. Si les titres de ces firmes proposent tout de même des DLC, ces contenus supplémentaires sont pertinents et prolongent la durée de vie en offrant de nouvelles expériences aux joueurs.
Si sur le papier on se dit que ces petites boutiques peuvent être un bon moyen de proposer de nouveaux contenus aux joueurs, dans la pratique les items en vente sont souvent pénalisant pour les joueurs qui ne passent pas à la caisse et c’est là tout le problème. Quand on sait qu’un jeu neuf est vendu entre 50 et 70€, on a un peu de mal à se dire qu’il faut encore payer pour avoir une expérience « complète ». On enfonce des portes ouvertes mais dans les faits, ça ne fonctionne plus, les amateurs de jeux deviennent de plus en plus frileux et on les comprend.
Les « games as a service » sont pourtant une bonne idée. On pense tout de suite à Grand Theft Auto 5 qui a su fédérer une vraie communauté en ajoutant régulièrement de nouveaux modes de jeux en ligne, tout en proposant une vraie progression pour les joueurs les plus acharnés. Ce qui n’empêche pas de pouvoir mettre quelques billets pour obtenir des items plus facilement. Même si vous ne payez pas, vous arriverez à survivre dans les rues de Los Santos et c’est là qu’est toute la différence.
L’industrie est-elle allée trop loin ? C’est en tout cas le sentiment que l’on a. Il est évident qu’il y a de la place pour ces micropaiements et lootboxes mais il ne faut pas perdre de vue l’intérêt du jeu : son gameplay et sa marge de progression. Difficile de dire si les éditeurs vont continuer dans cette direction mais le fait est qu’une lassitude naissante pourrait bien avoir raison d’eux s’ils ne se ressaisissent pas.