En janvier 2015 sortait « Life is Strange », un excellent titre narratif développé par Dontnod. Un concept plutôt intéressant qui permettait de télécharger le jeu épisode par épisode durant toute une année. C’était donc avec une certaine impatience que j’ai attendu sa version physique complète pour mettre la main dessus. Sa suite a eu le droit au même traitement et après la sortie de la dernière partie, le titre aura également eu le droit à sa version physique mais…
La problématique du dématérialisé
Je l’ai souvent évoqué ici, le dématérialisé est devenu problématique pour moi dès le moment où les jeux ont commencé à peser des dizaines de Gigas. Quand on a besoin de sa connexion pour travailler, on peut difficilement dédier toute sa bande passante à un téléchargement, ralentissant encore plus l’obtention d’un jeu. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai petit à petit délaissé le PC au profit des consoles qui me permettent de jouer immédiatement sans avoir à attendre des jours avant de pouvoir lancer un titre. Si le dématérialisé a ses avantages, dans la pratique son utilisation peut être très chaotique dès lors que l’on ne possède pas la fibre. Certaines régions ne permettent pas d’avoir des débits suffisants pour réellement en profiter.
J’avais également évoqué mon incapacité à utiliser l’Epic Game Store car il ne propose aucune option permettant de limiter sa bande passante. Autant dire que si je lance un téléchargement sur cette plateforme, je ne peux plus rien faire d’autre. Plus le temps passe et plus je constate que l’accès à la culture va devenir de plus en plus en complexe si la fibre ne se développe pas plus vite et partout. Typiquement, où j’habite, on évoque 2025 avant qu’elle n’arrive dans ma ville et rien n’indique que ma rue sera équipée à cette date. Si la 5G pourrait être une éventuelle solution, elle aussi n’arrivera pas avant bien longtemps. Sans parler du fait que l’on peine déjà à capter une 4G stable. Définitivement, le tout dématérialisé, ça n’est pas pour tout de suite ici.
La vie est étrange
Je ne vais pas vous refaire le laïus sur la conservation du patrimoine vidéoludique mais il est clair que le dématérialisé deviendra problématique avec le temps. Le risque de voir disparaitre certains titres est assez grand et si le piratage reste une solution envisageable, ça n’est pas une vraie solution. Rajoutons à cela qu’il semble assez difficile pour les plateformes de téléchargement de proposer tout le catalogue d’anciens titres surtout lorsque l’on connait le nombre de studios qui disparaissent. Des licences qui n’appartiennent plus à personne et qui disparaissent dans l’indifférence générale. C’est assez triste et c’est là où les médias physiques et la rétrocompatibilité ont du sens.
Si je vous parle de « Life is Strange 2 », c’est surtout parce que je souhaitais faire ce jeu depuis un long moment. En regardant un peu les offres sur les sites marchands et dans les boutiques, j’ai découvert que la boite du jeu proposait bien tous les épisodes sauf… la fin qui doit être téléchargée. Une chose qui n’est pas sans me rappeler le cas de « Spyro Reignited Trilogy » qui était vendu comme un jeu physique mais dont 2 épisodes étaient à télécharger. Il y aura tout de même eu une réédition de cette compilation de remakes proposant l’ensemble des données sur le disque. Les magasins proposant toujours les versions hybrides et qui ne semblent pas trouver preneurs. Soyez vigilant si vous souhaitez acquérir ce titre.
Je n’y jouerai pas
C’est là où commence à se dessiner le fossé culturel lié à l’accès au haut débit. S’il reste envisageable de télécharger uniquement le dernier épisode de « Life is Strange 2 », par principe ce genre de choses ne devraient pas exister. L’intérêt des médias physiques c’est de pouvoir s’affranchir du téléchargement et l’imposer de cette manière est assez vicieuse. Bien entendu, il est bien mentionné sur la jaquette que cet épisode est à télécharger mais l’éditeur a bien pris soin de l’indiquer en tout petit. Le piratage étant particulièrement anecdotique sur console, ça n’est même pas une forme de protection. Juste de la paresse de proposer un jeu complet en boite. En tant que consommateur, la pilule a du mal à passer. Square Enix ayant les reins suffisamment solides pour proposer aux joueurs une véritable édition physique (avec le DLC ?).
Pour le moment, je me refuse de l’acheter pour ces raisons. Soit le jeu est proposer en physique soit il est uniquement en dématérialisé. La production de disques optiques ne doivent pas servir de clés de téléchargement. On l’a vu sur PC avec des éditions boites qui, finalement, ne donnait accès qu’aux jeux sur Steam. Les disques ne servant à rien au final. C’est d’autant plus pénible lorsqu’il ne s’agit pas de jeux à services et qui n’auront pas le droit à un suivi sur le long terme. Dans ce cas, le téléchargement semble plus pertinent même s’il peut rester contraignant. Le meilleur exemple restant « Call of Duty Black Ops Cold War » qui pèse déjà une centaine de Gigas et dont les mises à jour sont aussi grosses. Un titre totalement inaccessible pour moi car le temps de télécharger un patch, un nouveau devient disponible. Inutilisable.
Consomamcteur
Je l’ai déjà évoqué ici plusieurs fois mais il est essentiel de comprendre l’intérêt des médias physiques qui sont importants, d’une part pour la conservation du patrimoine mais aussi pour le consommateur qui peut jouir complètement de son achat. En dématérialisé la revente n’existe pas tout comme le marché de l’occasion. Une chose qui pourrait, encore une fois, creuser encore plus le fossé de l’accès à la culture. Tout le monde n’a pas les moyens de lâcher 80€ d’un jeu et l’after market permet de jouer à moindre coût. Tant que les plateformes de téléchargement n’offrent pas la possibilité de revendre ses jeux, cela restera un vrai problème.
S’il est clair pour moi que l’achat de « Life is Strange 2 » me semble improbable en l’état, c’est aussi une manière de signifier aux éditeurs que ce format hybride physique/dématérialisé n’est pas acceptable. Je pourrais aussi vous parler des jeux Telltale Games qui vend des boites qui ne servent qu’à débloquer le téléchargement. Malheureusement, le marché des consoles va prendre le même chemin que celui du PC et on se retrouvera coincés avec des plateformes qui imposeront leurs tarifs et, croyez-le ou non, le but n’est pas de faire baisser les prix. C’est à vous de faire les bons choix aujourd’hui pour décider de l’avenir de cette industrie.