Les folles expériences de Lucie Blush

Lucie Blush

– Salut Lucie, est-ce que tu peux nous parler un peu de toi ?
– Salut, j’ai 31 ans, je viens de Lyon mais je suis basée à Barcelone. J’étais graphiste web avant de me lancer dans le porno. Je me suis mariée en Inde il y a deux ans.

– Tu es dans l’industrie depuis plusieurs années maintenant. Comment as-tu commencer à travailler dans ce domaine ?
– Je venais de quitter mon boulot dans une boîte de marketing online où je bossais comme « community manager ». J’ai tout remis en question et j’ai décidé de prendre des cours du soir pour étudier le graphisme web; j’ai toujours eu envie de développer mon propre site. J’ai donc dû me trouver un petit boulot à côté et j’ai répondu un peu par hasard à une annonce d’Erika Lust, une réalisatrice de porno féministe. Deux jours plus tard je commençais à travailler pour elle. Elle et son mari avaient encore une toute petite équipe à l’époque, donc j’ai pu participer à tous les aspects de la production, réalisation et promotion de ces films. Après un an et demi, j’ai pris un boulot à temps plein comme graphiste web dans une entreprise où j’ai appris beaucoup de choses sur le référencement google ou le SEO mais deux ans plus tard, je me demandais toujours à quoi ressemblerait mon porno si je le faisais à ma propre sauce. J’ai donc ouvert mon blog, welovegoodsex.com. J’écrivais tous les jours sur des vidéos que j’aimais, sur mes fantasmes, mes expériences et surtout sur toutes les questions qui me trottaient dans la tête à propos du sexe.

– Qu’est-ce qui t’as donné envie de passer derrière la caméra et de faire des films ?
– A force d’écrire dans le blog, j’ai senti que je voulais traduire encore mieux mon imagination. Les gens autour de moi se confiaient plus à moi et je me suis rendu compte qu’il y avait énormément de tabous et de frustrations, autant chez les hommes que les femmes. J’ai toujours eu une vision plus ou moins romantique du sexe. Pour moi, c’est plus que du simple plaisir temporaire et je pense que les femmes ont accès à une autre dimension du sexe car elles sont plus connectées à leurs émotions, même si je ne me considère plus féministe aujourd’hui. Je voulais donc étudier la signification de me propre sexualité en tant qu’humaine et en tant que femme, explorer le beau et le moche dans le sexe et le porno et surtout montrer qu’il suffit en fait de « désapprendre », de nous déprogrammer, au lieu de suivre de faux « sexperts » et de se mettre la pression par rapport à la « performance ». Je voyais tellement d’hommes perdus, de jeunes femmes résignées. « Moi, j’ai pas d’orgasmes, c’est tout. » Ça me crevait le cœur d’entendre ça car ma libido a toujours été une force chez moi, un moyen de faire confiance à mon intuition et à mon corps. J’ai donc décidé d’illustrer un de mes petits fantasmes dans un film. J’ai tourné Alice Inside chez moi, avec un iPhone et un couple d’amis qui voulaient s’essayer au porno.

– Comment qualifierais-tu ton porno ? Quels seraient ses particularités ?
– Ce qui me motive, ce n’est pas de montrer un sexe « parfait » mais plutôt de faire tomber les masques, de traduire l’intimité, l’alchimie unique de chaque tournage, la spontanéité du sexe, les petits moments qui nous rappellent que ce n’est pas l’éjaculation qui compte mais la connexion MAIS tout en creusant dans les fantasmes passionnels et exaltants que nous avons tous.

– Ton site va fêter ses 5 ans. Si tu devais faire un petit bilan de ces 5 dernières années, qu’est-ce que tu retiendrais ?
– Ce nouvel élan de porno est positif mais il faut le protéger de la politique et de ces nouvelles étiquettes qui ne font que remplacer les anciennes catégories. Il ne s’agit pas de prendre le sexe à la légère mais au contraire d’avoir le courage d’explorer cette force que nous partageons tous. Je pense que le porno peut être un outil pour aider les hommes et les femmes à reconnecter, à laisser tomber leurs masques et à réaliser que le sexe peut être beaucoup plus qu’un vice primaire. Grâce à mon travail, beaucoup de gens se confient à moi et je vois qu’ils débordent de curiosité, de doutes… Je veux donc continuer à faire un porno qui laisse une trace dans leur esprit, qui peut-être les aidera à ouvrir de nouvelles portes, au sens figuré, bien sûr.

– Est-ce qu’il y a un profil type de personne qui achète ton porn ou ce sont des gens de tous horizons ?
– Il y a un peu plus d’hommes que de femmes mais c’est assez équilibré, à partir de 25/30 ans en général.

– On parle de plus en plus d’éthique dans le porno. C’est un sujet qui t’interpelle ?
– En effet, je n’aime pas utiliser le mot car c’est trop vague pour signifier quoi que ce soit. Chaque situation est unique. Des gens arrivent, signent un papier, se déshabillent et baisent devant toi. Ce n’est pas une situation normale. Mon but principal est de mettre les acteurs à l’aise car, au final, ce sont eux qui me laissent pénétrer leur intimité et ce sont eux qui prennent le contrôle de la scène et du scénario. On discute donc longtemps avant le tournage, ils savent exactement ce qui va se passer, ils me disent ce qu’ils aiment ou pas… Il n’y a pas vraiment de règle établie quant à l’éthique de la chose, j’essaie juste donc de traiter chaque tournage au cas par cas, de manière personnalisée. Je suis très protectrice par rapport à mes acteurs !

– Selon toi, ce genre de porno peut-il faire évoluer certaines mentalités ?
– Il est évident que nous nous laissons influencer constamment par ce que nous voyons autour de nous. J’ai constaté dans ma vie personnelle que beaucoup d’hommes étaient très influencés par le porno. Ironiquement, je me sentais plus actrice dans ma vie perso que quand j’ai joué dans mon premier film porno. Cela m’en a appris beaucoup sur moi-même et je me suis libérée de beaucoup de complexes. En tant que spectateur, je pense que voir du contenu rafraîchissant, naturel, humain, intriguant, peut redonner foi en soi sexuellement et aider les deux sexes à tirer tout le plaisir possible du sexe.

– Si tu avais un budget illimité et que tu pouvais engager qui tu veux, à quoi ressemblerait ton film ?
Macron et sa femme pendant un rituel obscure dans les bois.

– Est-ce que tu consommes un peu de porno ? Peut-être aurais-tu des choses à nous recommander ?
– A vrai dire, je préfère faire le porno que le consommer mais quand j’en regarde en ce moment, je suis plutôt dans l’amateur.

– Justement, beaucoup d’amateurs se lancent dans l’aventure grâce à des plateformes comme PornHub ou ManyVids. Quel regard tu as sur cette nouvelle scène émergente ?
– C’est cool que l’intermédiaire de la boîte de production disparaisse et que les gens puissent gagner leur propre argent mais ça reste la niche de l’amateur. Le niveau de production ne permet pas vraiment de dépasser cette catégorie. Cependant, c’est une catégorie qui plaît parce que c’est du réel qui contraste avec l’artificialité de tout le reste.

– Quelque chose à rajouter ? Des projets à venir ?
Mon site va bientôt être transformé, plus de films, d’expérimentations folles et aussi plus de musique car nous composons les bandes originales de chaque film. Bientôt tous les membres pourront télécharger tout ça. Le son est vraiment vital dans le porno. Par exemple, nous venons de publier un film sombre et psychédélique, DAWN et nous venons de commencer une série de défis à la sauce piquante intitulée Hot Couture.
Il y a encore beaucoup à explorer!

– Merci beaucoup !
– Merci !

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