Être tout le temps à l’écoute du marché de l’emploi est une bonne chose. C’est un bon indicateur de l’état de santé de notre société. Cela permet de découvrir si notre secteur est dynamique ou non. Il est aussi toujours intéressant de regarder ce que proposent les autres entreprises pour un même métier. Ces derniers temps, je regardais un peu ce qu’il se passait dans les jobs autour du numérique/digital et je dois avouer que je ne comprends pas trop certaines stratégies.
Tout faire ? Impossible.
La première chose qui m’a choquée, c’est de voir à quel point bon nombre d’entreprises sous-estime l’importance d’avoir du personnel spécialisé et qualifié. Entre les offres d’alternances et de stages, beaucoup de sociétés semblent vouloir confier ces tâches essentielles à la vie d’une marque à des personnes inexpérimentées. Bien qu’il soit nécessaire de former des gens et de faire découvrir ces métiers, on ne peut décemment pas confier son image à quelqu’un qui a tout à apprendre. Bien évidement pour une entreprise modeste, il peut être compliqué d’embaucher plusieurs personnes pour sa communication mais dans la pratique c’est l’image de la marque qui en souffre et ça n’est pas toujours très pertinent si l’on souhaite se développer.
C’est effectivement un investissement mais qui fait sens. Si vous avez un blog qui a l’air amateur ou si votre communication sur les réseaux sociaux n’est pas efficace, les retours ne seront pas à la hauteur. Pour en revenir à ces petites annonces, je vois régulièrement passer des offres qui demandent d’avoir des compétences de rédaction, de community management, de montage vidéo, de développement mais aussi, parfois, des compétences techniques autour des produits que proposent les entreprises. Les métiers du web obligent à un être un « touche à tout » mais peut-on réellement tout maitriser ? Il y a une vraie différence entre faire une petite animation pour Instagram et monter une vidéo de 20 minutes sur YouTube, par exemple.
Ce qui est inquiétant, c’est que ces petites annonces qui demandent de tout faire concernent aussi des entreprises de bonne taille et qui auraient tout à fait les moyens de déployer un vrai service communication. Le numérique est essentiel de nos jours. Penser réaliser des économies en rognant sur son image est un pari risqué, selon moi. D’autant plus qu’aujourd’hui tout va très vite. Un petit « bad buzz » est vite arrivé et ce sont toutes les ventes qui s’effondrent. D’où l’importance d’avoir une bonne présence dès le début et avec des contenus qualitatifs.
On ne peut pas tout gérer seul
Exister sur le web, Facebook, Twitter, Instagram, YouTube et désormais sur TikTok est incontournable. Il faut alimenter la conversation avec ses clients et potentiels clients. Parce que si vous ne le faites pas, ce sont eux qui le feront à votre place et ça n’est pas toujours pour de bonnes raisons. C’est quelque chose que je vois beaucoup sur Twitter où des marques « prennent cher » mais il n’y a personne pour répondre. Idem sur TikTok où beaucoup ne sont pas encore présents.
Une seule personne peut-elle sincèrement s’adresser à toutes ces communautés ? On ne répond pas à un commentaire sur un blog de la même manière que l’on répond à un TikTok. Pour moi, ce sont deux métiers différents. Chaque plateforme a ses codes et il est important de les comprendre et de les assimiler. Et cela demande une forme de spécialisation. Je l’ai déjà dit par le passé mais un community manager n’est pas un rédacteur web et inversement. Certes ces deux métiers sont liés et il est nécessaire d’avoir des notions des deux côtés mais lorsque l’on parle d’une marque de grande envergure, il faut que tout soit impeccable. On ne parle pas ici d’un blogueur indépendant qui va gérer toute sa communication seul.
Lorsque l’on crée du contenu sur Internet, il faut aussi aller chercher de la visibilité. Pour ma communication personnelle, je suis présent partout où c’est possible mais il faut être réaliste, je ne maîtrise pas tout. J’ai même automatisé certaines tâches. Je me suis concentré sur mes réseaux de cœur que sont Twitter et TikTok mais je me vois mal aller donner des leçons de marketing sur Facebook, par exemple. Parce que mon métier, à la base, c’est d’écrire. Par la force des choses, j’ai forcément eu besoin d’acquérir de nouvelles compétences autour du community mangement et bien que j’ai les codes de la plupart des plateformes, je ne dirais pas que je suis l’homme de la situation dans ces cas. Il y a beaucoup de notions marketing subtiles qui demandent d’être plus qu’un simple rédacteur. Je m’y intéresse, j’ai compris de nombreuses choses mais très clairement : je suis rédacteur web.
Apprendre continuellement
La vidéo est aussi un sujet assez nouveau pour moi. J’ai toujours eu un œil sur ce métier. Dès le début des années 2000, je proposais déjà des médias en téléchargement ou en streaming (Real Player, toi même tu sais). A une époque où le modem 56k venait de débarquer sur le marché. Puis est arrivé YouTube qui demandait beaucoup plus de compétences. Aujourd’hui, c’est un métier à part entière. Certes on peut avoir ces notions et « bricoler » mais pas lorsque l’on parle de contenus professionnels.
C’est aussi une chose que j’ai constaté dans l’industrie. Les métiers ont beaucoup évolué en 20 ans. De simple tâcheron, il a fallu s’adapter aux changements technologiques. On ne conduit plus une machine comme on le faisait en 1990. L’automatisation et l’informatique ont considérablement changé le travail. Là encore, j’ai beaucoup de connaissances autour des métiers de la production mais j’estime qu’il faut se concentrer sur ce que l’on sait faire de mieux. Malheureusement la spécialisation n’est pas toujours valorisée et on préfère donner un poste « plus important » à ceux qui maîtrisent. On se retrouve alors avec des compétences qui ne sont pas forcément là où elles devraient être.
C’est le principe de Peter mais force est de constater qu’il se vérifie souvent. J’ai sincèrement une autre approche. Pour moi, il faut pousser la spécialisation et la récompenser. Lorsqu’une personne est douée dans un domaine particulier, il faut l’encourager à devenir meilleure. Le principe des « promotions » n’existent que parce que c’est la seule manière d’améliorer ses revenus. Alors que si l’on récompensait la vraie valeur ajoutée d’une personne, on ne se retrouverait plus avec des personnes qui montent dans la hiérarchie sans réellement maitriser tous les codes. L’ambition est une chose mais, selon moi, elle n’est pas la même pour tous. Pour ma part, je préfère me concentrer sur ce que je fais de mieux. La seule ombre au tableau, c’est la manque de reconnaissance. Parce que si l’on souhaite être le meilleur dans son domaine, cela n’implique pas forcément de « monter en grade ».
Pour conclure, je dirais qu’il faut savoir laisser son égo de côté. Parce que l’on maîtrise un sujet, cela ne signifie pas que l’on est capable d’en maîtriser plusieurs. Pour avoir fait un peu de management, je me rends compte à quel point il a été important de mettre le doigt sur ces compétences et de savoir les valoriser. Il n’est pas toujours facile de le faire financièrement mais encourager une personne parce qu’elle sait de quoi elle parle, c’est déjà bien. Il m’est arrivé d’embaucher des pigistes et j’ai toujours eu à cœur de les rémunérer en fonction de leur spécialisation. Puisqu’ils connaissaient mieux certains sujets que moi, il me semblait naturel de récompenser ce savoir et non pas me baser sur une simple grille tarifaire. D’autant plus que cette spécialisation avait un impact direct sur les retours et la rentabilité. Payer mieux une personne qui rapporte plus, cela semble pourtant logique. Chaque personne a son rôle à jouer dans une entreprise et bien que les métiers du numérique semblent souvent être la cinquième roue du carrosse pour beaucoup d’entreprises, ceux qui en sortiront vainqueurs sont ceux qui auront fait les bons choix.