La nextgen est-elle réellement décevante ?

Alors que Microsoft vient de faire son Xbox Games Showcase et que PlayStation a également présenté la plupart des exclusivités qui seront disponibles à la sortie des nouvelles consoles de salon. Dans l’ensemble, les joueurs ne semblent pas trop s’émouvoir et il en résulte une forme de déception assez perceptible dans la communauté gaming.

Senua's Saga Hellblade II

De la 2D à la 3D

La cinquième génération de consoles avait marqué un véritable tournant dans l’industrie du jeu vidéo. En présentant des machines capables d’afficher de la 3D en temps réel, le média passait alors d’univers tout en 2D pour se diriger vers ce qui allait clairement être le futur de ce divertissement. Bon nombre de joueurs s’en rappellent comme si c’était hier. Il faut dire que le gap technologique était un véritable bon en avant et que, pour le grand public, on n’avait encore jamais vu ça. On cite souvent Mario 64 comme étant le titre qui rabattu les cartes et à raison. Symbole de toute une industrie, Mario se montrait, pour la première fois, en 3D et le stick analogique de la Nintendo 64 avait une longueur d’avance sur la concurrence. Une chose qui deviendra vite un standard les années suivantes.

Le passage aux machines 32 et 64 bits aura marqué l’histoire du jeu vidéo. L’idée de « génération » de consoles était très marquée. Une nouvelle fois, avec l’arrivée de la première Xbox et de la PlayStation 2, on avait aussi eu le droit à un changement spectaculaire, on parlait de nombre de polygones qu’étaient capables d’afficher ces consoles et, il faut bien l’avouer, visuellement, on sentait réellement une différence. Le réalisme était à la porte de nos foyers et le succès de cette sixième génération n’est plus à démontrer. Avec la Xbox 360 et la PlayStation 3, le gap était probablement moins frappant mais il était bien présent. Un titre comme Uncharted nous montrait que nous étions passé à autre chose.

Plus réel que réel

La Xbox One et la PlayStation 4 ont permis de proposer des titres encore plus photo-réalistes. Même si le ray tracing ne faisait pas encore partie de la palette d’outils disponibles, les développeurs ont toutefois trouvé des astuces permettant de simuler les effets de lumières. Les derniers triples A sortis ces derniers mois ont vraiment poussé les machines dans leurs derniers retranchements avec des résolutions HD devenues le standard. Graphiquement, The Last of Us part II est venu conclure cette génération de manière incroyable. Et si la PlayStation 4 commence à montrer ses limites ici, le fait est que l’on a atteint un niveau de réalisme assez dingue.

La PlayStation 5 et la Xbox Series X ne semblent pas encore avoir convaincu le grand public. Il faut dire que l’on a pas encore réellement vu de titres qui mettait une claque graphique, si ce n’est Senua’s Saga: Hellblade II dont on n’a vu qu’un petit trailer et dont on ne sait pas si les graphismes seront à la hauteur de cette présentation. Pourtant ces machines en ont sous le capot mais, il semble, qu’il soit devenu de plus en plus compliqué de proposer des jeux offrant une image époustouflante. Il ne faut pas oublier que ces triples A coûtent très chers, de plus en plus chers même. Les outils de développement ne sont pas encore tous officiellement disponibles et les développeurs ne maîtrisent pas forcément encore toutes les nouveautés que pourrait offrir un moteur comme l’Unreal Engine 5 qui devrait être accessible l’an prochain.

Jusqu’où peut-on aller ?

Si le but avoué de l’industrie, c’est d’arriver à un tel niveau de réalisme que l’on pourrait avoir le sentiment de regarder un film, il faut bien comprendre qu’il faudra, probablement, encore attendre une petite dizaine d’années avant d’arriver à ce niveau. Et si cette génération qui pointe le bout de son nez n’était qu’une génération de transition ? Il ne fait aucun doute que nous aurons le droit à des titres encore plus beaux dans quelques mois mais il est certain que ce ne sont pas les jeux qui accompagneront la sortie des nouvelles machines qui feront leur petite révolution sur les graphismes. D’autant plus qu’il faut laisser le temps aux joueurs d’effectuer la transition et de remplacer leur matériel et leurs consoles.

Quand on regarde un peu en arrière, le premier épisode de The Last of Us sur PlayStation 3 était une prouesse technique incroyable. Son remaster sur PlayStation 4 n’a vraiment pas à rougir face à tous les titres qui ont pu être publiés sur cette machine. En se remettant dans ce contexte, on voit bien que les débuts de générations sont souvent dans la continuité de la précédente. Il faut toujours un peu de temps pour apprendre à dompter les machines de salon et, de nos jours, un jeu ne se fabrique pas en quelques mois. Il faudra donc être encore un peu patient pour voir arriver des images qui nous feront dire : « OK, là c’est la next gen ».

Qu’apporte réellement ces nouvelles machines ?

Si pour le grand public, les graphismes c’est LE truc marketing qui fonctionne le plus. Dans la pratique, la next gen apporte son lot de nouveautés qui pourraient bien apporter de nouveaux gameplays. J’évoquais, il y a quelques temps déjà, le ray tracing qui va offrir des changements visuels importants sur l’ensemble des jeux, il serait étonnant que cette capacité à utiliser la lumière de manière réaliste ne donne pas des idées aux développeurs qui pourraient bien nous proposer de nouvelles mécaniques grâce à cette technologie.

On a aussi beaucoup parlé du SSD et si de nombreux ouin ouin issus de la scène PC n’y voit pas là de révolution, dans la pratique ça en est bel et bien une. Déjà parce que l’architecture particulières des consoles vont permettre une utilisation très avancée de cette technologie déjà bien connue mais aussi parce que, désormais, le SSD va devenir le standard dans l’industrie et ça, ça change tout. Outre la promesse de chargements réduits, la capacité à charger des mondes à ultra-haute vitesse va permettre de proposer de nouvelles choses dans les jeux. On l’a vu avec Ratchet & Clank: Rift Apart qui est un peu la démo technique de Sony de l’utilisation de ce fameux SSD. Particulièrement véloce sur PlayStation 5. On peut aussi citer The Medium sur Xbox Series X qui va permettre de passer d’un monde à l’autre instantanément.

Si le SSD n’est pas une technologie franchement nouvelle, sa réelle utilisation, quant à elle, est nouvelle. Encore une fois, les consoles next gen affiche des performances assez folles sur ce point et s’il ne faudra pas attendre longtemps pour que ces vitesses deviennent une forme de standard sur PC également, ces machines ont tout de même un coup d’avance. Très clairement, ce sont de nouvelles possibilités qui s’ouvrent aux développeurs et si, pour le moment, nous avons plus ou moins le droit à des démos techniques, dans un avenir très proche, cela pourrait leur donner des idées intéressantes qui pourraient bien bouleverser notre manière de jouer et de nous raconter des histoires.

Et le processeur ?

Si pour beaucoup le GPU c’est LE truc qui fait la différence. Je crois que l’on a aussi oublié les nouveaux CPU que vont embarquer ces machines. Mine de rien, sur PC, ils étaient assez peu exploités et permettaient (en gros) de gratter quelques FPS pour les plus acharnés. Rares étaient les titres qui exploitaient tous les cœurs de ces puces. Là encore, pour l’industrie, ces processeurs vont devenir la norme et vont permettre d’aller plus loin dans les intelligences artificielles. Si on a pas encore vu grand chose sur ce point, il ne fait aucun doute que c’est l’un des points qui pourrait bien surprendre dans les années à venir.

On ne va pas se mentir, bien que les jeux soient de plus en plus beaux, les ennemis que l’on affronte dans les jeux se limitent à quelques petites mécaniques et lorsque l’on a compris comment cela fonctionne, n’offrent plus réellement un vrai challenge. Les amateurs de difficulté pourraient bien avoir du fil à retordre puisque le CPU va offrir une opportunité de proposer des intelligences artificielles bien plus complexes qu’aujourd’hui. Trop souvent limitées par la puissance de calcul des CPU qui sont le parent pauvre des machines de salon, cette limitation va clairement sauter avec la next gen. Du côté gameplay, il y a fort à parier que l’on pourrait aussi être surpris sur ce point.

Une révolution discrète

Ce début de génération n’en met pas forcément plein la vue. On comprend que le grand public semble un peu déçu de tout ce qui a été présenté pour le moment mais il faut bien comprendre que les outils de développement arrivent très bientôt pour tous et qu’il faudra un peu de temps pour que l’on puisse totalement tirer partie. Pour le moment, nous sommes en fin de génération, la next gen c’est essentiellement des promesses mais d’ici quelques mois, après le lancement des machines, la guerre va se faire avec les exclusivités. En apportant de nouveaux standards, l’industrie va s’adapter et voir sa créativité grandement libérée.

La 3D a atteint un tel degré de réalisme qu’il est parfois assez compliqué de distinguer toutes les subtilités que peuvent apporter toutes ces nouvelles technologies. D’autres challenges vont alors apparaître comme, par exemple, ce problème d’uncanny valley qui va être de plus en plus présent dans les jeux. Fort heureusement, les technologie d’intelligences artificielles et la puissance de calcul des cartes graphiques vont probablement permettre d’aller au delà de tout ce que l’on a déjà pu voir jusqu’à aujourd’hui.

La rétrocompatibilité de ces consoles vont permettre une transition toute en douceur et le temps que tout le monde s’équipe avec ces machines, les développeurs auront aussi le temps de les maîtriser pour nous offrir des titres encore plus divertissants. La next gen arrive aujourd’hui mais les jeux qui nous éblouiront arriveront un peu plus tard. Soyons patients.

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