En ce moment, on ne peut pas dire qu’Ubisoft ne travaille pas. Entre Assassin’s Creed Valhalla ou Watch Dogs: Legion, l’éditeur fait tourner ses machines à plein régime pour proposer de nouveaux jeux régulièrement. Si j’avais déjà évoqué cette industrialisation, la nouvelle licence Immortal Fenyx Rising semble être un titre à part.
Accueil positif
Si le but ici n’est pas de vous parler du jeu en lui-même, le fait est qu’il a été très bien accueilli par la presse. La plupart des joueurs qui ont mis la main dessus semblent aussi l’avoir apprécié. Immortal Fenyx Rising est-il seulement un titre opportuniste qui voulait surfer sur le succès de The Legend of Zelda: Breath of the Wild ? En tout cas, il est certain qu’il reprend quelques uns de ses éléments de gameplay et la direction artistique a tout de suite fait pensé au jeu de Nintendo.
Toutefois, cette nouvelle licence a puisé dans le savoir-faire d’Ubisoft et propose un open world tout à fait intéressant et des mécaniques qui ont du être piochées dans les Assassin’s Creed. En gros, c’est un jeu Ubisoft avec ces points d’intérêts sur la map et des tours à débloquer pour la dévoiler. Pas de révolution mais une formule qui fonctionne.
Lancer une nouvelle franchise n’est pas toujours évident, surtout lorsque l’on ne réinvente pas la roue. Si l’univers est plutôt réussi et si la direction artistique est relativement originale pour un titre de cet éditeur, les ventes ne semblent pas avoir été à la hauteur des leurs autres jeux triple A. Malgré une campagne marketing très honorable et de la présence de Lionnel Astier dans l’équipe de comédiens de doublage, tout les ingrédients étaient pourtant là pour en faire un très gros succès. Et si Immortal Fenyx Rising n’est pas un échec, ses ventes ne sont pas pour autant à la hauteur d’un Assassin’s Creed.
Coup de poker d’Ubisoft ?
Encore une fois, débarquer avec un nouvel univers, ça n’est pas toujours simple surtout lorsque l’on a habitué les joueurs à un certain confort et des titres qui ne sortent pas des clous. Si le jeu est très bon, il donne toutefois le sentiment d’être une sorte de brouillon (sans être péjoratif) de ce qui aurait pu être un titre d’envergure. Avec Immortal Fenyx Rising, Ubisoft est-il en train tâter le terrain et voir s’il y a encore de la place pour une nouvelle licence ? Ou alors s’agirait-il d’un one-shot et qu’il serait possible qu’à l’avenir on ait de plus en plus de titres originaux ? Difficile à dire mais pour l’instant, c’est clairement un petit OVNI parmi les autres productions de l’éditeur. Malheureusement, il n’apporte pas réellement grand chose et, une fois de plus, est un produit de consommation de masse qui saura ravir la plupart des joueurs qui passeront ensuite à autre chose. Sans être oubliable, il n’est pas non plus remarquable.
Si on attend toujours le retour de Beyond Good & Evil qui est en train de devenir une arlésienne, la société bretonne arrive tout de même à proposer de nombreux jeux pour nous faire patienter. Immortal Fenyx Rising m’a clairement donné l’impression d’être ce titre « en attendant ». Peut être est-il arrivé au mauvais moment ou Ubisoft ne souhaitait peut être pas forcément lui donner plus de visibilité ? En tout cas, il semblerait que le grand public soit clairement passé à côté de ce charmant jeu qui avait tout pour faire un carton. S’il s’est tout de même très bien vendu en se glissant dans le top 10 des meilleures ventes, aujourd’hui, on a l’impression que tout le monde l’a oublié. Un sentiment étrange assez inhérent à ces produits trop calibrés et qui ne font pas réellement évoluer le média.
Ubisoft : suiveur plus que leader ?
Une grosse société comme Ubisoft cherche avant tout à faire plus de revenus. Tous les moyens sont bons et offrir plus de contenus aux joueurs fait parti des solutions pour y arriver. Immortal Fenyx Rising donne l’impression de n’être là que pour ça. Un bouche trou dans le calendrier de l’éditeur. Toutefois il faut bien comprendre qu’il s’agit d’un nouvel univers et qu’il aura peut être besoin d’évoluer dans le temps avec d’éventuelles suites (s’il y en a). Une chose est sûre, les DLC et les différents micro-paiements réussiront à rapporter du cash à l’entreprise, c’est un fait. Si Ubisoft ne manque pas d’ambition, elle semble surtout tournée vers sa rentabilité, selon moi. Ce que l’on peut regretter c’est que tout ce talent ne soit pas réellement mis à profit dans leurs productions. Si j’ai apprécié les derniers Assassin’s Creed (chose qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps), il reste toujours ce petit arrière goût amer dans la bouche. Aucun doute que le problème ne vient pas des équipes de développement mais d’un management avec des consignes très claires et une roadmap peut être trop serrée.
Difficile de dire si les récents changements au sein de l’entreprise auront aussi des effets bénéfiques sur l’artistique mais, pour moi, Ubisoft s’est enfermé dans une certaine routine et n’ose plus. Si j’ai beaucoup d’espoirs dans Beyond Good & Evil 2, son développement semble compliqué et l’éditeur communique assez peu sur ce titre. Attendu comme le messie, il pourrait bien, lui aussi, être un énième jeu « à la Ubisoft ». Bien que le trailer en CGI (ci-dessous) est une belle promesse, on ne sait encore rien de ce titre. On espère qu’il saura être un peu plus inspiré que tout ce qu’ils ont pu produire ces dernières années. A mon sens, la qualité est toujours au rendez-vous mais la magie n’opère plus. Des franchises comme Assassin’s Creed ou Watch Dogs sont de beaux bacs à sable pour les joueurs mais aussi pour ceux qui écrivent les histoires. Reste à définir ce qui fait un jeu exceptionnel car c’est souvent le fruit du hasard.
En tout cas, Immortal Fenyx Rising montre qu’Ubisoft veut s’essayer à de nouvelles choses mais ils ont toujours du mal à sortir de leurs standards. Oui, c’est risqué mais c’est aussi ce risque qui donne aux joueurs des expériences hors du commun. Malgré tout, on ne peut que vous inviter à vous essayer à ce jeu qui vous tiendra en haleine de longues heures. D’autant plus qu’il est d’ores et déjà soldé un peu partout.