Il y aura-t-il une masterclass de la part d’Ubisoft ?

Ubisoft est une entreprise française de développement et d’édition de jeux vidéo, fondée en 1986 par les frères Guillemot : Yves, Claude, Michel, Gérard et Christian. À l’origine, les frères Guillemot ont créé la société pour produire et distribuer des logiciels éducatifs pour ordinateurs personnels, mais ils ont rapidement réalisé le potentiel du marché des jeux vidéo et se sont tournés vers ce secteur.

Yves Guillemot

À la découverte d’Ubisoft

Le premier jeu développé par Ubisoft a été Zombi, sorti en 1986 pour le Commodore 64 et l’Amstrad CPC. Par la suite, l’entreprise a commencé à développer des jeux pour d’autres plateformes notamment l’Atari ST et le PC. Le premier vrai succès d’Ubisoft est venu avec la sortie de Rayman en 1995. Depuis, l’entreprise a continué à développer des franchises à succès telles que Assassin’s Creed, Far Cry, Just Dance et Rainbow Six.

Aujourd’hui, Ubisoft est l’un des plus grands éditeurs de jeux vidéo au monde, avec des studios de développement dans plusieurs pays et des jeux vendus dans le monde entier. J’ai une drôle de relation avec les jeux Ubisoft. Comme beaucoup je connais toutes ces marques qu’ils ont créé. Pourtant dans ma vie de gamer, j’avais assez peu joué à leurs jeux. J’avais fait le tout premier Assassin’s Creed sur PS3. J’en gardais un bon souvenir mais pas quelque chose qui m’aura réellement marqué.

Les années sont passées, j’ai joué à beaucoup de choses mais je dois vous l’avouer, ça n’était pas des jeux Ubisoft. Et puis sont arrivé les confinements. Une période assez étrange mais qui nous aura permis d’avoir enfin un peu de temps pour nous. L’occasion était belle pour se lancer dans des jeux d’envergure.

Assassin’s Creed Confinement

C’est là que mon aventure avec l’éditeur Breton a réellement commencé. Je m’étais procuré une compilation contenant Assassin’s Creed Origins et Odyssey. Si je n’étais pas totalement étranger à ces jeux, c’était la première fois que je mettais la main sur ces RPG en monde ouvert. Origins m’aura impressionné par le voyage qu’il propose. Découvrir l’Egypte et ses monuments mythiques, pouvoir les observer, se balader autour et même grimper au sommet des pyramides aura réussi à me convaincre. Bien que l’histoire n’est pas une masterclass, selon moi, j’y aurais quand même passé un bon moment.

J’ai ensuite attaqué Odyssey en y incarnant l’incroyable Kassandra qui, pour moi, est l’un des personnages les mieux écrit de ces Assassin’s Creed nouvelle formule. Cet opus aura enfoncé le clou et c’est probablement ce jeu qui m’aura incité à aller plus loin avec Ubisoft.

Si j’ai également platiné Valhalla, c’est l’épisode qui m’a semblé le plus fade. Avec de trop nombreux personnages, une écriture très inégale d’une mission à l’autre et plus généralement le sentiment que c’était non pas l’épisode de trop mais plutôt celui qui aurait demandé à apporter quelque chose de plus.

La légion des chiens de garde

C’est donc naturellement que je me suis tourné ensuite vers la franchise WatchDogs. Là aussi, je ne la connaissais que de nom. Il faut dire que le trailer qu’on nous avait montré à l’E3 à l’époque nous en avait mis plein la vue. Même si le produit final n’était pas forcément de cette même qualité, ce premier épisode proposait des choses intéressantes à travers l’histoire d’Aiden Pearce qui prenait réellement le temps de s’installer.

J’ai poursuivi mon aventure avec la suite qui nous fait incarner Marcus Holloway et qui va rencontrer une palette de personnages hauts en couleurs. Bien que j’ai trouvé l’histoire un peu en dessous du premier volet et une ambiance un peu « yo wesh wesh on est cool les jeunes t’as vu ? », le fait que ces personnages ont tous leur identité et un design très unique, les rend très attachant. C’est probablement la plus belle réussite de cet opus.

Est venu ensuite WatchDogs Legion qui avait une autre proposition. Ici, on n’incarne pas un héro mais plusieurs. Il y est possible de recruter des PNJ dans la rue en fonction de leurs capacités. L’open world est sublime, l’ambiance très réussi et se balader dans un Londres dystopique a été très agréable. Toutefois le focus ayant été particulièrement fait sur le gameplay, l’histoire ne m’aura pas marqué plus que ça. Un bon point tout de même pour le DLC qui fera revenir des personnages des précédents épisodes. C’est ce que j’ai le mieux aimé dans ce jeu.

Des pleurs au loin ?

La franchise Far Cry quant à elle, je la connais depuis le tout premier opus. J’avais fait cet épisode sur un de mes premiers PC de l’époque. Notamment parce que c’était une belle petite démo technique avec notamment cette propagation du feu qui en fera sa marque de fabrique. Quelques années plus tard, c’est Far Cry 3 qui retiendra toute mon attention et encore à ce jour, c’est pour moi un des meilleurs même s’il commence à accuser le poids du temps.

Plus récemment, j’ai platiné Far Cry 6. Essentiellement parce que je suis tombé dessus dans un bac à solde. Ca n’est pas forcément le genre de jeu auxquels je joue habituellement mais comme il avait l’air assez joli et qu’il proposait des environnements agréables, je me suis laissé tenté. On est sur un gameplay mature et bien rodé avec cette fameuse formule Ubisoft que l’on aime détester. La recette fonctionne mais malheureusement, comme souvent, c’est au niveau de l’écriture que ça pêche. J’y reviendrais…

J’ai ensuite joué à Far Cry 5 pour découvrir ce patch « nextgen » qui permet de découvrir ce titre en 60fps sur les consoles de nouvelles génération. Je l’aurais aussi platiné même si ça n’était pas forcément quelque chose que j’avais sur ma liste de jeux à faire. On y retrouve cette même formule et une histoire pas forcément géniale mais je me suis laissé emporté.

Le Phenix renait de ses cendres ?

Il me semblait important de vous apporter tout ce contexte. J’ai enchainé de très nombreux jeux Ubisoft ces dernières années. Essentiellement parce que je ne voulais pas mourir idiot mais aussi parce que leurs titres comptent dans le paysage vidéoludique. Aujourd’hui j’ai un vrai regard affuté sur leurs productions. Cette « formule Ubisoft », je la connais bien et c’est encore très frais dans ma tête.

Je voulais aussi évoquer Phenix Rising qui, selon moi, avait une approche un peu différente de ce qu’avait fait l’éditeur jusqu’à présent. Si on y retrouve de très nombreux marqueurs sur la map, l’exploration de ce monde ouvert se fait un peu plus naturellement notamment avec des points d’intérêts visibles de loin. Du côté narration, on a le droit à de l’expérimentation. C’est assez particulier mais le titre tente quelque chose.

Et c’est là, d’après moi que se situe un certain point de rupture. Ubisoft sait faire des open world. Les nombreux artistes de leurs studios ont beaucoup de talent. Cela se voit à l’écran et certaines fulgurances de leurs histoires montrent là tout un potentiel qui n’est absolument pas exploité.

Du bon et du moins bon

Ces derniers temps Ubisoft est une entreprise qui suit les tendances, on l’imagine, pour faire plaisir à ses actionnaires qui espèrent un jeu service qui sera rentable sur la durée. Oui mais ça n’est pas forcément là que l’on attend l’éditeur et surtout que ça n’est pas là où il brille le plus. Si les micro-paiements et les cosmétiques sont quelque chose qui sont depuis longtemps intégré à leurs jeux, je pense sincèrement qu’ils ont toujours été très honnêtes dans cette démarche. Rien ne vous oblige à passer à la caisse et ces ajouts optionnels n’ont jamais été indispensables.

De manière plus générale, le SAV Ubisoft est assez irréprochable. Les serveurs tiennent de longues années, il y a un réel suivi des jeux très longtemps après leur lancement. Une certaine compatibilité est assurée sur le long terme. Rien n’est jamais parfait mais le simple fait qu’ils proposent des patchs gratuits pour leurs jeux sur les machines nextgen montrent bien une belle démarche qui va dans le sens des joueurs.

Quoi que l’on pense de leurs jeux et de leur « formule », Ubisoft est une entreprise sérieuse à bien des égards même s’il y a eu par le passé d’importants problèmes de management qui ne semblent pas encore être réglés. Si c’est un sujet assez inhérent à l’industrie du jeu vidéo, ils ont pourtant les moyens de résoudre ces soucis même s’ils ont déjà fait un peu de « tri » dans les dirigeants. Il y aurait probablement beaucoup à dire sur ces questions et cela mériterait une vidéo dédiée à cela.

Mon propos c’est surtout de dire que comme dans de nombreuses sociétés, Ubisoft a beaucoup de qualités mais aussi de grosses faiblesses.

Aura-t-on le droit à un chef d’œuvre un jour ?

Pour en revenir aux jeux, pour moi, au delà du fait qu’ils semblent n’être devenu que des suiveurs, de ce que j’en ai vu jusqu’à présent, c’est au niveau de l’écriture que la plupart de leurs titres ont des faiblesses. La maitrise technique est là, les créatifs peuvent plus ou moins faire ce qu’ils veulent et même si on sent que des efforts sont faits pour apporter du lore, ces histoires ne transcendent jamais. J’en avais déjà parlé mais j’ai vraiment le sentiment que cette manie de vouloir trop en faire à chaque fois, les fait aussi passer à côté de l’essentiel : ce qui fait un qu’un jeu marque les esprits. De beaux graphismes, un gameplay sympa, ça on sait faire chez Ubi mais lequels de leurs jeux nous a réellement mis une claque narrative ? Aucun.

Industrialiser le jeu vidéo est compréhensible. La réutilisation de certains assets ou de leur moteur maison est économiquement une bonne idée mais ces économies d’argent et de temps ne sont pas forcément employé, selon moi, à travailler sur les faiblesses de ces titres. Revoir certaines ambitions à la baisse pourrait aussi éviter le naufrage. Soyons honnêtes, est-ce que l’on explore complètement ces vastes mondes ouverts ? La réponses est clairement non. Alors pourquoi faire si grand ?

En début d’article j’évoquais Zombi. Une époque où Ubisoft n’était pas grand chose mais avait eu le courage de lancer un jeu sur Amstrad CPC et Atari ST. À un moment où ne savait pas encore trop à quoi servaient les ordinateurs. Pour moi, Ubisoft a oublié ses racines. À vouloir faire plus ambitieux à chaque fois, ils ont perdu ce courage qui les caractérisaient à leurs débuts. Même si je n’y crois plus trop, pour être honnête avec vous, je sais qu’Ubi est potentiellement capable de débarquer avec un titre qui soit une masterclass de bout en bout. Assassin’s Creed Mirage promet un certain retour aux sources mais je ne pense pas que c’est ce jeu qui changera l’image de cette boite. Une boite qui ne se porte plus très bien depuis quelques mois d’ailleurs…

Difficile de savoir ce qui se trame dans l’arrière boutique mais j’espère sincèrement que la crise que traverse Ubisoft va leur faire prendre conscience fabuleux potentiel qui dors dans leurs studios. Je reste encore convaincu qu’ils peuvent surprendre le monde entier encore faudrait-il qu’il y ait une réelle introspection de leur côté. Beaucoup de joueurs, moi y compris, sommes très critiques envers leurs jeux et ça n’est pas pour rien. Parce qu’en fin de compte on aime ce que produit Ubisoft mais ils n’arrivent plus à nous mettre les baffes que l’on attend d’eux et ça, c’est probablement ce qu’il y a de plus triste.

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