Google Stadia : le streaming est-il réellement le futur du gaming ?

La promesse du gaming en streaming est belle. Tout du moins sur le papier. La réalité du terrain est un peu plus compliquée que la simplicité promise par ce genre de technologie. Spécialiste des services éphémères, Google s’est embarqué dans l’aventure avec Google Stadia essentiellement pour être présent face à ses concurrents qui se sont aussi lancé dans le jeu vidéo totalement dématérialisé.

Google Stadia

Réseau aléatoire

Le premier couac avec le streaming de jeux vidéo, c’est qu’il faut absolument un connexion très solide. Contrairement à une vidéo classique, le temps de réponse doit être quasiment nul. Techniquement, il est impossible d’encoder un flux vidéo en temps réel. Bien que les GPU les plus récents sont capable de travailler extrêmement rapidement, dans les faits, il faudra toujours un petit délais de l’ordre de quelques millisecondes pour effectuer cette tâche d’encodage or dans le gaming, ces millisecondes peuvent être réellement décisives dans l’issue d’une partie en ligne.

Il faut aussi ajouter à ce temps d’encodage, la connexion de l’utilisateur qui se doit également d’être rapide. En moyenne, en France, le ping se situe entre 30 et 80 millisecondes selon la qualité de la ligne. Autant dire tout de suite que pour les jeux compétitifs, le streaming est juste impensable. Avec un délais de réponse qui pourrait atteindre dans les 100 millisecondes selon les cas, un service comme Google Stadia serait juste inutilisable. D’ailleurs, les premiers retours semblent aller dans ce sens.

Dépossession de ses achats

Alors que tout le monde semblait attendre un « Netflix du jeu vidéo », Google Stadia souhaite que les joueurs achètent les jeux. Bien entendu, au prix fort. Le dématérialisé prend de plus en plus de parts de marché mais avec le streaming, cette location à long terme va encore plus loin puisqu’il sera impossible de jouer sans connexion. Un problème qui existe déjà pour certains jeux modernes à cause de DRM très pénibles qui, au final, n’embêtent que ceux qui paient. Un problème moindre puisque cela fonctionne même avec une connexion faible.

Avec le streaming, hors de question d’avoir des baisses de débit, la ligne doit être au top en permanence au risque de rendre l’utilisation assez compliquée. Autant dire que ces cas restent assez rares, même en France où nous avons un très bon réseau haut débit avec une quantité de données illimitée. Une chose qui est loin d’être le cas partout ailleurs en Europe et aux Etats-Unis. Google Stadia semble donc viser les utilisateurs les plus fortunés, autant dire que ça démarre plutôt mal. En plus du forfait mensuel, il faudra aussi régler la facture Data et elle peut être très conséquente avec ce genre de services de streaming.

Google s’étant fait une spécialité des services qui ferment au bout de quelques mois, on se demande également ce qui se passera lorsque le service s’arrêtera. La question se posait déjà avec Steam mais la célèbre plateforme de téléchargement permet de faire fonctionner ses jeux « hors ligne » et, d’éventuellement, faire des sauvegardes de ses fichiers de jeux. Avec Google Stadia, vous perdrez tout. Le dématérialisé à son paroxysme.

Le futur du gaming ? Vraiment ?

Pour moi, le streaming fait plutôt partie de la panoplie de services que peuvent proposer des plateformes comme Steam ou Epic Games. On imagine, par exemple, pouvoir utiliser ses achats sur d’autres devices que son PC. S’il est déjà possible de le faire localement avec Steam, il y a fort à parier que cette petite option évoluera vers le stream via Internet. Et si le streaming était juste un petit « plus » et non le futur ?

Bien entendu, il est possible que les technologies évoluent dans la prochaine décennie mais en attendant, l’achat de jeux physiques et le téléchargement ont encore de belles années devant eux. Le gaming en streaming est encore une niche et on ne sait pas réellement si les joueurs accepteront le deal. La promesse est intéressante mais dans la pratique il y a beaucoup trop d’éléments extérieurs qui limitent sa démocratisation. Le jour où toute la population sera fibrée n’est pas encore arrivée. Difficile de dire si cela prendra réellement.

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