Aujourd’hui, on note tout. Que ce soit le dernier film que l’on a été voir au cinéma, le plombier qui est venu réparer notre lavabo ou même le supermarché du coin. À tel point que même les gens ont une note attribuée au travers du nombre de followers qu’ils peuvent avoir sur les réseaux sociaux.
Le jeu vidéo n’échappe pas à la règle et la pratique s’est rapidement répandue à l’ensemble des médias qui traitent du sujet. Un pratique qui n’est pas franchement nouvelle puisque l’on attribue généralement au magazine papier américain « Electronic Games » comme étant le premier média à avoir mis des notes dans ses tests dès 1981.
À cette même période en France, c’est le magazine « Tilt » qui copiera la formule et apporsera une note à la fin de tous ses tests. Gen4, Player One et Console+ lui emboiteront le pas.
Dans le jeu vidéo, la note est une tradition. Une tradition qui, a plusieurs reprises, a déjà été remise en cause. En effet, on peut légitimement s’interroger sur sa pertinence. En théorie, cela permet d’avoir en un seul coup d’oeil une valeur claire qui permet de déterminer si un titre en vaut la peine ou non.
Mais voilà, les choses ne sont pas toujours aussi simples.
Avec la démocratisation de l’Internet, les avis de la presse ne sont plus les seuls à compter. Celui des joueurs a pris beaucoup de place également. Il est même déjà arrivé qu’un titre qui ne plait pas forcément à la presse soit adoré par les joueurs. Je prends souvent le cas des Saints Row qui, effectivement, si on a une analyse assez froide, n’ont pas forcément toutes les qualités que l’on est en droit attendre d’un bon jeu mais ceux qui y ont joué l’ont grandement apprécié.
Que veulent dire ces notes alors ? Puisque d’une personne à une autre elle peut varier. Même si certains jeux comme Elden Ring ou les derniers Zelda font consensus, est-ce que cela signifie qu’ils vont être apprécié par tous les joueurs ? Absolument pas.
Est-ce que Minecraft mérite ses excellentes note alors que ses graphismes pourraient être jugé comme catastrophiques si on le compare aux autres jeux sortis au même moment ? Plus on creuse et plus on réalise à quel point ces notes n’ont pas toujours du sens.
Il existe de nombreuses façon de donner son avis sur un produit culturel. Cela peut se faire via chronique écrite, une vidéo sur YouTube ou un simple Tweet. Si une personne que vous appréciez et qui a plus ou moins les même gouts que vous aime un jeu, il y a de fortes chances que cela soit également le cas pour vous. Une note n’a pas forcément d’intérêt.
On le voit bien, les joueurs se tournent beaucoup vers ces tests d’influenceurs qui existent partout sur le web. On peut aussi se forger sa propre opinion en regardant des streameurs jouer à un titre qui nous intéresse. Quand on y regarde de plus près, rares sont ces créateurs de contenus qui apposent des notes.
La note est, depuis longtemps, un outil marketing. Il n’est pas rare de les voir apparaitre sur des publicités avec des citations bien senties de la presse ou des influenceurs. Comme si ces avis étaient forcément légitimes et allaient vous faire acheter tel ou tel jeu.
Le revers de la médaille, c’est aussi que ces notes peuvent avoir un impact direct sur la rémunération des développeurs qui passent des années à produire ces jeux. Et cela quelques soient les ventes, si la note n’est pas bonne, ils n’auront pas le droit à leur prime. Ce critère est souvent une bonne excuse pour moins payer les travailleurs.
Ces dernières années, la notation est aussi devenue politique. On l’a notamment vu avec The Last of Us Part.2 qui malgré sa très grande qualité a vu ses notes être très négatives. Essentiellement dû à la présence de personnages LGBT. Plus récemment, c’est le DLC d’Horizon Forbidden West qui a eu le droit au même traitement et pour la même raison.
Pour information, en France, on estime que 20 % de la population ne s’estime pas forcément hétérosexuelle. Dans les oeuvres culturelle, la représentation de cette communauté n’a rarement dépassé les 10 %. Autant vous dire qu’on est très loin de cet imaginaire qui voudrait qu’il y a trop de personnages LGBT dans les oeuvres de fiction. Pour faire simple, les oeuvres culturelles sont maintenant plus en phase avec la réalité de notre société.
Pour le coup, ces notes des joueurs sont l’occasion pour faire passer des idées nauséabondes. Des notes qui peuvent effectivement avoir un impact sur les ventes. Bien que dans le cas des jeux que j’ai pris en exemple, cela ne semble pas avoir réellement affecté quoi que ce soit.
On a tout à fait le droit de ne pas apprécier un jeu mais est-ce qu’une mauvaise note est toujours justifiée ?
Je ne vais pas me faire que des amis, mais typiquement Elden Ring, ça m’emmerde. Le Zelda Breath of the Wild m’est tombé des mains. Est-ce que ça veut dire que je dois leur donner une mauvaise note ? La réponse est clairement non. Ces titres ont des qualité et ont même bousculer nos habitudes de joueurs dans leur approche de l’open world.
J’ai souvent évoqué l’écriture dans les jeux Ubisoft qui ne me plait pas toujours. Est-ce que ces jeux mériteraient que je leur attribue un 12/20 parce que l’histoire n’est pas géniale ? Là encore, la réponse est non.
Selon moi, ces notes n’ont pas de sens. Dans ma vie de gamer, il m’est souvent arrivé d’apprécier des titres qui n’avaient pas forcément été bien accueilli par la critique. Des notes que l’on aurait pu juger moyennes voir carrément mauvaises et qui ont bien failli me faire passer à côté d’expériences intéressantes.
Toutes les oeuvres culturelles n’ont pas vocation à être des chef-d’oeuvres. Là encore cela reste très subjectif. Qu’est-ce qu’un chef d’oeuvre ? D’une personne à l’autre cela peut être totalement différent. Un test ou une note ne devrait nous dicter ce que l’on doit aimer ou non. Des notes qui incitent aussi les éditeurs à proposer des choses bankables et empêche, selon moi, la prise de risque.
