Existe-t-il réellement une « culture geek » ?

D’aussi loin que je me souvienne, « être geek » n’a pas toujours été cool. A vrai dire, c’était même plutôt l’inverse, il y a encore quelques décennies. Souvent relégués parmi les « gens bizarres », bon nombre de laissés-pour-compte s’étaient réfugiés dans une culture qui se voulait alternative, à l’époque. Que ce soit les mangas, les comics ou plus généralement la science-fiction, ces domaines n’étaient pas réellement populaires.

Manette ASUS

De victimes à CEO superstars

Tout le monde ne s’intègre pas dans cette société malade et intolérante. Dès notre plus jeune âge, il y avait déjà ces groupes qui étaient mis de côté parce que ces personnes ne correspondaient pas forcément aux attentes d’une population formatée. Au cinéma ou à la télévision, ces « nerds » étaient souvent représentés comme ces personnes inscrites au club d’échecs avec des grosses lunettes et des boutons sur la figure. Si on a le droit à ce genre de stéréotypes, encore de nos jours, le fait est que « le geek » est devenu cool avec les années. Les grosses lunettes sont même devenues à la mode. Il faut dire que toute cette culture est une mane financière pour l’industrie du divertissement. Un secteur de niche qui s’est parfaitement intégré à la pop culture. Là où les fans de comics se faisait bousculer dans la cours de récré, il n’y a pas si longtemps, aujourd’hui porter un t-shirt Batman c’est la quintessence de la coolitude.

Toute cette franche de la population a pris sa revanche grâce à l’explosion d’Internet où se sont retrouvés toutes ces personnes à la marge. Des noms comme Mark Zuckerberg ou Bill Gates sont même montrés en exemple. Les choses ont bien changées depuis l’époque où on se faisait voler nos chocos BN à l’école. Cette « culture geek » a réellement pris tout son sens avec la démocratisation du web. Au tout début, on se rassemblait sur les newsgroups et on échangeait nos théories sur Star Wars puis, rapidement, c’est devenu le mode de communication préféré de cette communauté qui n’a pas tardé à se retrouver dans la vraie vie. Parce qu’être en marge n’a jamais signifié être inintéressant, le numérique a vraiment participé à l’émergence de cette contre-culture.

C’est quoi « être geek » ?

Employé à tort et à travers, le terme « geek » a longtemps été péjoratif et il l’est encore probablement encore un peu. Qu’est-ce qu’il signifie réellement ? En pratique, on parle surtout de personnes passionnées par un sujet. Finalement, on est tous un peu geek. De nos jours, il suffit qu’une personne ait le dernier iPhone pour se définir comme « geek » mais est-ce que tout cela à du sens ? Pas vraiment. A bien y réfléchir, cette appellation n’a pas réellement de définition mais a été rattrapée par le marketing qui a voulu faire d’une niche, un véritable marché. Pur produit de la société de consommation, cette culture est devenue populaire avec les années et, aujourd’hui, personne ne se cache pour aller voir le dernier film Marvel au cinéma contrairement à une époque où il valait mieux éviter de parler que l’on lisait des Comics.

Il n’est d’ailleurs pas étonnant que ces Comics s’adressent justement à ces groupes de personnes laissées de côté et dont les sujets abordent l’acceptation et la tolérance. X-Men est un bon exemple de ce genre de messages que l’on pouvait y trouver. Spiderman était aussi l’adolescent moyen qui trouvait la force de vivre, d’une certaine manière. « L’enfermement » dans les imaginaires culturels vient probablement de cette société incapable d’accepter des personnes qui ne rentrent pas dans certaines cases. Les « geeks » étaient plutôt des personnes qui étaient rejetées à une époque. Si les choses ont un peu évoluées et puisque cette culture est devenue populaire, on comprend mieux pourquoi les communautés LGBT+, les minorités et les opprimés cherchent aussi un peu de représentativité dans ces médias.

Aujourd’hui le terme « geek » n’a plus vraiment de sens et fait partie de la panoplie des arguments marketing pour vendre des produits. Il n’y a plus trop cette notion de contre-culture et fait désormais partie du paysage pour la plupart des gens. Souvent reléguée en « sous-culture », ces médias ont pourtant beaucoup de choses à dire et s’il reste des bribes d’incompréhension de ces univers, on ne peut pas dire qu’ils ne font pas partie de nos quotidiens. Typiquement, le marché du jeu vidéo qui ne cesse de croitre montre bien qu’il y a un réel intérêt pour cette culture.

Courant alternatif et pop culture

Le succès des séries sur Netflix ou l’explosion du box office par les films Marvel et DC Comics montrent bien à quel point cette alternative est devenue populaire. Clairement, il n’y a plus de « culture geek » mais une « culture » tout court. Que ce soit les mangas, très appréciés par les français, l’animation, les jeux vidéo ou le cinéma fantastique ou de science-fiction, toutes ces choses sont devenues plutôt banales. Il semble tout de même que ces médias, longtemps boudés par le grand public, n’ont pas oublié d’où ils viennent et il est intéressant de constater qu’ils font partie de ceux qui travaillent le plus à représenter les opprimés. S’il reste beaucoup de chemin à parcourir et même si certaines communautés restent relativement toxiques, n’oublions pas d’où viennent toutes ces choses que nous aimons et comment elles sont devenues populaires.

Comme beaucoup, on ne se retrouve plus vraiment dans cette appellation « geek » qui ne veut plus dire grand chose de nos jours tant la société de consommation s’est accaparée toute cette culture. Pourtant, j’ai l’intime conviction que ces médias puisent leurs racines dans cette époque où il était bien difficile d’être accepté lorsque l’on était passionné. Il n’est pas rare de trouver des critiques au progressisme que veulent imposer certaines oeuvres mais à bien y réfléchir, c’est ce même progressisme qui a fait de ces personnes abandonnées par la société devenir des personnalités respectées. Bien que l’on sait que les oeuvres culturelles participent assez peu dans les changements des mentalités, elles permettent toutefois de faire émerger certaines idées nouvelles.

A force de représentativités moins stéréotypées, on a fini par accepter « les geeks » et tout le monde veut en être maintenant. La pop culture rassemble les gens plus que jamais et s’il n’est pas nécessaire de mettre un mot ou une définition sur tout, c’est peut être ça qui est le plus important.

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