Si le dématérialisé est un peu devenu la norme sur PC, bon nombre de joueurs consoles ont encore du mal à franchir le cap. Il faut dire que la taille des téléchargements a de quoi en rebuter beaucoup. Avec des jeux pesant jusqu’à plus de 100Go, le format physique fait encore beaucoup d’adeptes. Pour répondre à cette problématique, le streaming semble être une solution toute trouvée.
Gaming rural
Sur cette génération, je me souviens avoir mis plus d’une semaine pour télécharger complètement Grand Theft Auto V. Parce qu’il faut prendre en compte le débit, il est difficile de laisser le téléchargement en vitesse maximale tout le temps de manière à pouvoir utiliser le web en parallèle. En moyenne ma connexion peut atteindre 1,7Mo/s, les bons jours. Vous comprendrez aisément pourquoi je me suis tourné vers la PlayStation et que je continue à acheter mes jeux au format physique. Malgré de gros patchs day one, j’ai toujours la possibilité de jouer en attendant que le téléchargement se termine et ça, c’est un confort dont je ne peux pas me passer.
S’il m’arrive d’acheter des titres indépendants en dématérialisé, le poids est souvent un facteur qui me fait réfléchir avant de passer à l’acte d’achat. Bien entendu, les jeux qui sont mis à jour régulièrement comme Minecraft ou No Man’s Sky sont plus pertinent à être acheté en téléchargement mais, dans l’ensemble, la plupart des titres que je consomme sont au format physique. Mon expérience avec Grand Theft Auto V aura fini par me convaincre de retourner sur console pour cette raison. A la vue du flop de la Xbox One S Digital (Xbox One Sad pour les intimes) me fait dire que je ne suis pas le seul dans ce cas.
Le streaming en sauveur
En théorie, le streaming de jeu vidéo permet de s’affranchir de ce problème de poids. Le soucis, c’est la qualité de l’image sur les petits débits quand le service en question ne refuse tout simplement pas de fonctionner à cause de cette connexion trop faible. Dans la pratique, le streaming me reste encore inaccessible mais je ne vous cacherais pas que ça n’est pas la seule raison qui me rebute un peu à son utilisation. Si sur PC, nous avons eu la chance d’avoir un service comme Steam, on voit bien à quel point il est difficile de proposer quelque chose de solide, le cas Epic Games Store est assez équivoque.
Sur console, on est très loin d’avoir cette qualité de service. Pour moi, l’achat en dématérialisé sur le PS Store reste encore très rare. Il faut vraiment que je n’ai pas le choix et que le titre que je souhaite ne soit pas disponible en physique ou qu’il s’agisse d’un jeu particulièrement connecté et/ou qui propose des mises à jour régulières. Typiquement, Dreams est un jeu qui n’a aucun intérêt en physique, par exemple. On peut aussi citer Destiny ou Fortnite. Alors quelle place donner au streaming sur ce marché où l’offre est encore adaptée aux différentes problématiques techniques ?
L’illusion du tout streaming
A l’arrivée du dématérialisé sur PC, afin de lutter au piratage de masse, bon nombre de joueurs étaient réticents à cette utilisation qui nous dépossédait totalement de nos achats. A tout moment, le service pourrait fermer et on perdrait tout. Il est aussi arrivé que certains titres disparaissent des stores pour diverses raisons, encore une fois, on perdait notre achat ou des jeux qui ne sont plus disponibles pour des raisons de droits et j’en passe. Il faut bien comprendre que l’on parle de location à long terme et non plus réellement d’un achat au sens propre du terme. Sur PC, on n’a plus vraiment le choix et c’est devenu problématique pour moi.
Le choix de se tourner vers la console, c’est surtout pour le format physique et s’il venait à disparaitre, je ne sais pas si je pourrais encore jouer aux triples A sans passer par de longues journées de téléchargement. Bien que toujours indisponibles de mon côté, les services streaming pourraient pallier à tous ces problèmes mais se posera aussi la question de la connexion et de la possession des jeux. En dématérialisé, il y a toujours l’option de la sauvegarde, en streaming, nous n’avons plus accès à rien si ce n’est un flux vidéo. Je ne sais pas si cette manière de consommer les jeux pourrait, un jour, devenir la norme tant le réseau Internet n’est pas uniforme partout mais aussi parce qu’il se dit en coulisse que les offres illimitées pourraient être remises en question chez les FAI.
Plan B ?
A l’image de ce que propose Microsoft, inclure l’offre streaming dans son pass est, pour moi, une solution intéressante. On laisse le choix à l’utilisateur et cela me parait être une excellente chose. Il faut bien comprendre, aussi, que si le streaming évite le téléchargement, sur les connexions modestes, on ne pourra pas faire autre chose à côté. Une problématique réelle dans les foyers de plusieurs personnes. Avant que la fibre ne soit disponible partout, il faudra encore, au moins, une génération de machine pour que ce type de services soient enfin accessibles à tous. Restera encore la question en suspend des offres illimitées qui pourraient bien disparaitre dans un avenir proche. Un coût de la bande passante qui pourrait bien inciter les joueurs à revenir au physique.
Toutefois, je vois bien des cas où le streaming peut être intéressant. Typiquement, essayer un jeu avant de l’acheter pour y jouer, plus tard, dans de meilleures conditions est une chose qui pourrait être pertinente. Enfin si j’arrive à accéder à ces services un jour. Stadia avait aussi évoqué cette idée que si l’on regardait un trailer ou un streamer, en un clic, on pourrait jouer au jeu. Pour moi, j’y vois surtout un outil marketing pour le moment. On peut aussi imaginer jouer à un jeu que l’on n’a pas forcément envie de conserver dans sa bibliothèque pour y revenir plus tard. Bref, tout cela me fait dire que le streaming me parait être plus être un service optionnel plus qu’un service principal.
Mobilité théorique ?
L’un des point fort du streaming, c’est sa capacité à être utilisé sur la plupart des écrans. Ca peut être intéressant sur des machines modestes bien qu’une offre comme Shadow me parait plus pertinente dans ce cas mais c’est probablement sur mobile que le streaming prend tout son sens. Encore une fois, en théorie, on peut jouer à ses triple A partout. Partout ? Non car dans de nombreux endroits la 4G et même la future 5G ne permettra pas des débits suffisants pour une utilisation confortable et stable. Parce qu’il faut une connexion particulièrement solide pour que tout cela reste jouable, au delà de la qualité d’affichage du flux vidéo, il faut aussi prendre en compte le ping qui doit être minimal et on est bien loin de ça sur la plupart des offres des FAI et opérateurs mobiles, quelque soit le débit.
Concrètement, le streaming peut être utilisé dans certains cas, bien particuliers. Pour moi, le réseau est encore très loin d’être suffisemment solide pour faire perdurer de telles offres. Ajoutons à cela l’avenir incertains des forfaits illimités et on a là tout un tas de problématiques qui ne peuvent pas faire du streaming l’offre standard. Optionnelle, elle peut toutefois être intéressante dans certains cas mais je ne suis pas convaincu que cela pourra séduire le grand public qui sera, de toute façon, déçu de cette technologie et qui pourrait bien entrainer des surcoûts de bande passante.
C’est à vous de choisir le futur
Même si ces nouvelles technologies pourraient, un jour, devenir totalement fiables, il reste un point non négligeable à prendre en compte. Quel avenir voulons nous donner à l’accès la culture ? Si ce sont des boites privées qui décideront ce qui est accéssible ou non peut vite devenir problématique. Combien de films, d’albums musicaux ou tout simplement de livres numériques disparaitront car jugés non rentables ? Le format physique permet, justement, cette conservation du patrimoine dans tous les secteurs du divertissement et de l’art. Est-ce que l’on veut être totalement dépossédés de notre culture et de notre histoire ?
Parce qu’au delà du côté pratique du dématérialisé et du streaming se pose une réelle question de la conservation des oeuvres. La question de la rétrocompatiblité est aussi au coeur de toutes les discussions et son importance est remise en question notamment chez Sony qui ne semble pas prendre ce sujet au sérieux pour mieux forcer la main sur son service de streaming. Service qui ne sera pas accéssible à tous et qui ne pourra jamais proposer l’ensemble de la logithèque existante. Le jeu vidéo est un art et son histoire est toute aussi importante que son avenir.
Il n’y a que les joueurs qui peuvent sceller l’avenir de ce divertissement en faisant les bons choix.