Avec les connexions en carton que l’on se paie à la campagne, je dois bien avouer que le fait de télécharger des centaines de Gigas est souvent un frein à l’achat. Typiquement, il m’aura fallu une semaine pour pouvoir enfin jouer à « GTA 5 » lors de sa sortie. C’est d’ailleurs ce titre qui m’a convaincu de l’intérêt des jeux physiques.
Les bienfaits du dématérialisé
Rejeter en bloc le dématérialisé serait une erreur. Ce (relativement) nouveau moyen de consommation des médias a permis l’émergence de nombreux créateurs indépendants et ce, dans tous les domaines du divertissement. En s’affranchissant des méthodes de distributions classiques, n’importe quel développeur peut proposer son jeu en téléchargement. En allant plus loin, certains jeux sont mis à disposition directement sur les sites des créateurs. En théorie, on peut aussi se passer des plateformes comme Steam même si dans la pratique, la visibilité passe par elles.
Le fait est que le démat’ donne l’opportunité à des studios moins fortunés de proposer leurs titres au public. Une chose qui était encore impossible à la fin des années 90. Un phénomène d’autant plus acceptable que la plupart des jeux indépendants pèsent rarement plus de quelques Gigas, ce qui est loin d’être le cas des récents triples A. Si le téléchargement est clairement l’avenir, les infrastructures ne permettent pas encore de le généraliser. Ajoutons à cela que le cas Français est à part et que dans la plupart des autres régions du monde, les forfaits ne sont pas illimités.
Patch day one
Quoi de plus frustrant que d’insérer un disque dans sa machine et découvrir qu’il faudra télécharger un énorme patch pour pouvoir en profiter complètement. Ces dernières années, c’est devenu un réel problème. Certains titres étant même injouables sans leur mise à jour. On peut aussi évoquer des catastrophes industrielles comme « Fallout 76 » qui avait été vendu en physique dans une version non finie et non patchée. Typiquement le genre de jeu dont l’intérêt de l’acheter en physique est tout simplement inexistant.
De manière générale, un jeu essentiellement online, la présence de boites de jeux dans les rayons des magasins est un peu absurde, il faut bien l’avouer. Il s’agit surtout de faire payer le prix fort des titres qui sont disponibles gratuitement au téléchargement et dont il faudra probablement re-télécharger, en grande partie, le jeu complet suite à l’installation. Si ces boites offrent souvent quelques petits bonus, dans la pratique, on est pas loin de l’arnaque pour le consommateur peu renseigné.
Le début de l’aventure
Récemment, j’ai commencé à m’intéresser à l’univers de Telltale Games. Si ce studio a bien failli mettre la clé sous la porte, racheté in extremis par LCG Entertainment, les choix de cette société de développement ont montré une certaine limite du système. Il est probable que Telltale Games est allé un peu trop vite et qu’ils n’ont pas été dans la capacité de répondre à toutes les commandes qu’ils ont accepté. La politique des jeux épisodiques est intéressante mais peut refroidir bon nombre de joueurs. L’avantage des séries en jeu vidéo, c’est qu’il est possible de poursuivre le développement alors que le titre commence à être distribué, en partie.
L’aventure de ce studio montre bien que le dématérialisé peut poser problème. Si, effectivement, Telltale Games avait fermé, ça aurait également été le cas de leurs serveurs et la plupart de leurs jeux auraient tout simplement été injouables, définitivement. C’est là où la publication en physique pouvait être intéressante. Le souci, c’est que ce studio vend des disques qui ne contiennent souvent que le premier épisode (même si la série est terminée). Il s’agit, plus ou moins, d’un simple sésame qui donne accès au téléchargement. On marche sur la tête.
« The Walking Dead », « The Wolf Among Us » ou « Minecraft: Story Mode » ont bien eu le droit à leurs versions complètes mais il faut bien avouer qu’ils sont souvent difficiles à trouver ou limités à peu d’exemplaires. La logithèque de Telltale est alléchante mais ces « season pass disc » me font tourner les talons. Hors de question, pour moi, de récupérer l’intégralité du jeu en ligne. Très clairement, c’est un vrai frein à l’achat même si ces jeux ne manquent pas de qualités.
Le cas Spyro Reignited Trilogy
Les amoureux de la PlayStation connaissent bien la franchise « Spyro ». Un univers haut en couleur qui a eu le droit à des remakes réellement sublimes qui sont au niveau des films d’animations modernes. A l’annonce de cette compilation qui contenait les trois premiers opus de la série en HD, j’étais réellement hypé. Malheureusement, en découvrant le produit fini, il s’avère que seul le premier jeu est disponible sur le disque. Les deux autres devront être téléchargés. La grogne s’est rapidement faite entendre sur les sites marchands et c’est tout à fait normal.
La communication bancale d’Activision qui avait bien promis une version physique avec les trois jeux et la mention en tout petit au dos de la jaquette qui indiquait qu’il s’agissait de dématérialisé a floué bon nombre de consommateurs qui se sont retrouvé à payer le prix fort pour un seul épisode. C’est d’ailleurs la principale critique que l’on peut trouver sur des sites comme Amazon. Encore un fois, c’est la raison pour laquelle je n’ai pas acquis de titre.
Complete edition, Game of the year, mes couilles sur la commode
L’autre tendance, c’est aussi de proposer de ré-édition de jeux offrant l’ensemble des DLC et les dernières mises à jour. Dans la pratique, on se retrouve souvent avec un code de téléchargement sur un bout de papier dans le boitier. Alors qu’il aurait été intelligent de proposer un jeu patché avec ses suppléments directement sur le disque, il faudra passer par la case téléchargement. Le niveau de paresse des éditeurs sur ce genre de cas est tout simplement affligeant. Quel intérêt de payer plus cher un titre qui est souvent moins cher dans sa version « day one » même en repassant à la caisse pour les DLC.
Je peux citer « NieR: Automata – Game of The YoRHa Edition » ou « Saints Row IV : Re-elected + Gat Out of Hell » qui n’auront pas eu mon argent pour cette raison. Il est vraiment regrettable qu’aucun effort n’ait été fait pour rendre ces éditions totalement physiques. Il s’agit des mêmes versions que celles lors de la sortie mais avec patch et codes de téléchargement. Là encore, l’intérêt est assez limité et la quantité de Gigas à télécharger est, une fois de plus, un frein à l’achat.
Des efforts à faire
La fibre n’est pas encore démocratisée et quand bien même elle le serait, il y a encore beaucoup de gens dans le monde qui ne peuvent pas se permettre de dépenser toute leur bande passante pour télécharger des mises à jour ou des DLC. C’est d’autant plus absurde que les éditeurs proposent des ré-éditions qui ne demanderaient pas un travail colossal pour offrir de réelles « complete edition ». La vérité, c’est que ces « nouvelles versions » ne présentent aucun intérêt en terme d’archivage ou de tarifs.
Les services en ligne ont un réel intérêt, c’est un fait mais se cacher derrière les mises à jour pour éviter d’offrir un produit de qualité est tout simplement paresseux. Sortir les jeux dans la précipitation, c’est souvent le meilleur moyen de ne pas avoir bonne presse. Si les mentalités ont tendance à changer sur ce point, du côté des jeux physiques, il serait aussi pertinent de ne pas prendre les gens pour des idiots.