J’ai fait mes premières armes sur le web au tout début des années 2000. Une époque bénie où tout restait à inventer. Un époque où Google commençait à peine à séduire le grand public. J’ai eu ma première connexion où, justement, les moteurs de recherches étaient la nouvelle technologie à la mode. Ce genre de services étant naissants, il était assez aisé de les filouter et de se positionner en tête des résultats. Le fonctionnement de ces moteurs était assez basique, il regardait combien de liens pointaient vers un site pour lui attribuer un score et le positionner.
Un temps que les moins de 20 ans…
On était une poignée à avoir compris comment tout cela marchait et beaucoup y ont vu un marché en devenir. Certains ont même encore un business autour du SEO aujourd’hui. Faire des liens était une chose plutôt facile puisque c’était un des fondements du web. On renvoyait très volontiers les visiteurs vers d’autres sites. C’était particulièrement vrai lors de la grosse mode qu’il y avait eu autour du blogging. Beaucoup d’échanges et de partages.
Rapidement le web est devenu un endroit où faire de l’argent et c’est probablement ça qui a un peu changé la donne. L’utilisation abusive de liens factices aura obligé des sociétés comme Google a revoir leur copie. On commençait alors à parler de la qualité de liens. Plus le temps avançait et plus il fallait être pertinent dans son netlinking. Il fallait cibler plus juste et trouver des spots dans sa thématique afin que ces backlinks aient plus de poids.
L’arnaque du SEO
Une chose est certaine, les basiques du SEO ont assez peu changés. Un titre pertinent, une meta description qui fait envie et un contenu qui a du sens, c’est un peu la règle d’or. Toutefois il y a tellement de nouveaux paramètres à prendre en compte aujourd’hui, qu’il me semble assez complexe de tous les lister dans un seul article. Si les liens ont encore du sens de nos jours, ça n’est plus le seul facteur essentiel à la réussite d’un site. C’est pour cette raison que j’ai utilisé ce sous-titre, aujourd’hui beaucoup d’agences spécialisées vendent « des liens » mais très clairement, ça ne fait pas tout.
Bien qu’il soit encore possible de filouter les moteurs avec l’IA (GPT3, par exemple), la richesse du contenu est toujours au centre des préoccupations. Aujourd’hui, un moteur comme Google, est un moteur de réponses. Si vous rechercher « météo », vous aurez directement la météo qui sera proposée. Il n’y a même plus besoin de se rendre sur un site. C’est pratique pour l’utilisateur mais un peu moins pour les sites spécialisés dans cette thématique. Il faut donc trouver d’autres moyens pour attirer les visiteurs.
La chose qui a probablement le plus changé ces 20 dernières années, c’est que l’on ne fait plus de liens. De manière naturel en tout cas. Et lorsque cela arrive, c’est souvent un lien en nofollow. Une balise introduite par Google qui indique au moteur de ne pas suivre ce lien. Basiquement les liens naturels en « dur » n’existent pratiquement plus sur le web. A part peut être chez certains indécrottables du blogging mais concrètement cet aspect du web a été monétisé. Il ne faut pas se mentir, bien que la pratique soit interdite par Google, l’achat de lien reste LA méthode la plus usitée par les SEO.
Google a échoué dans sa mission
En voulant ainsi faire le gendarme des liens sur Internet, Google a clairement cassé ce qui faisait l’essence même d’Internet. Dès son introduction, la balise nofollow était déjà problématique, selon moi. Très clairement l’idée est de rendre le positionnement d’un site compliqué et de favoriser AdSense. On ne peut pas leur en vouloir, la publicité c’est leur business mais ils ont mis la main sur le cœur du web.
Ainsi, les premiers résultats que vous trouverez maintenant sur les moteurs de recherches concernent une poignée de sites qui ont les moyens de ces positionnements. Il est de plus en plus rare de tomber sur un site de passionnés pas forcément très bien optimisé. Bien que le contenu soit toujours roi, il suffit qu’un article ne soit pas « SEO friendly » pour qu’il ne soit pas visible. Dans un sens, je trouve ça un peu triste mais j’imagine que ça laisse plus de place pour les professionnels du métier.
Les moteurs de recherches sont devenus beaucoup plus pertinents qu’à l’époque. Peut-être trop ? Les IA savent maintenant ce dont vous avez besoin avant même que vous le sachiez vous-même. C’est à la fois impressionnant et effrayant. Tout y est thématisé, hiérarchisé et classé. Concrètement on passe désormais à côté de 90 % du web puisque l’on trouve immédiatement les réponses à nos questions.
Sérendipité
Le terme sérendipité est arrivé assez tôt dans l’histoire du web. On disait alors que le hasard faisait bien les choses. La vérité c’est que les moteurs n’était pas toujours pertinents et que l’on nous vendait ça comme une feature mais il faut bien avouer qu’il arrivait fréquemment de tomber sur des choses que l’on aurait pas forcément consulté à la base. Il y avait là quelque chose de magique, même poétique. Aujourd’hui tout cela a disparu. Tout est devenu pertinent.
J’imagine que j’ai un peu la nostalgie de cette époque où le SEO était encore de l’artisanat loin des grosses machines industrialisées que l’on trouve aujourd’hui. En 20 ans, le métier a clairement changé même s’il repose sur des bases assez solides depuis toutes ces années. On a inventé de nouveaux buzzwords mais concrètement, beaucoup de bonnes pratiques d’hier sont encore vraies aujourd’hui. Pour ce qui est des fondamentaux en tout cas.
Toutefois c’est aussi ce qui fait l’essence de ce métier. Tout change rapidement et il faut réellement s’investir pour se tenir au courant des nouveautés. Trouver de nouveaux moyens d’attirer les curieux, se faire voir sur les réseaux sociaux et tant d’autres choses passionnantes.
