Assassin’s Creed Valhalla : Ubisoft / 20

Après avoir tenté l’aventure des opus précédents et ayant été particulièrement convaincu par l’épisode Origins, j’ai aussi voulu donner sa chance à Assassin’s Creed Valhalla. L’univers Viking étant assez séduisant, sur le papier, il fallait que je poursuive ma quête des jeux Ubisoft.

Eivor femme

Comme à la maison

Une chose est certaine, quand on a joué aux récents Assassin’s Creed, on n’est pas perdu dans ce nouvel opus. Les mécaniques sont plus ou moins les mêmes. Une map à découvrir, des points d’intérêt, des camps à éliminer, etc. Sans aller jusqu’à dire qu’il s’agit du même jeu qu’un Odyssey ou Origins, le fait est que l’on retrouve tous les éléments qui ont fait le succès de la franchise. Autant le dire tout de suite, une certaine redondance s’installe donc dès le début. Difficile de faire un mauvais titre dans ce cas bien qu’on pourrait s’interroger sur ce que pourrait bien apporter Valhalla. On ne va pas tourner autour du pot, il n’apporte rien de plus si ce n’est quelques mécaniques de combats améliorées. De ce côté là, pas grand chose à se mettre sous la dent.

Comme je le souligne à chaque fois, l’open world est magnifique et très cohérent. On se surprend à observer les paysages et à admirer les lumières qui sont particulièrement belles dans cet épisode. Parce que les graphismes ne font pas tout, c’est surtout l’histoire qui nous intéresse ici. De ce point de vue, les personnages sont, de mon point de vu, assez lisses et dès les premières heures de jeu, je ne me suis pas du tout senti impliqué. En grossissant le trait, on a les gentils d’un côté et les méchants de l’autre. Toutefois, les Vikings n’étant pas des anges, les pillages feront partie du jeu et permettront d’enrichir son village. Un concept que l’on a notamment pu voir dans Red Dead Redemption II. On prend plaisir à le voir évoluer même si cela reste plus ou moins anecdotique.

Un open world made in Ubisoft

Pour moi, Assassin’s Creed Valhalla se rapproche assez d’Odyssey en terme de narration. On sent qu’il y a là un certain cahier des charges qui a été appliqué et on ne sera que très rarement surpris. Encore une fois, les univers qu’explore Ubisoft sont très riches et si on nous raconte beaucoup de choses, on a le sentiment d’être dans une sorte de couloir malgré la grande ouverture du monde. Pourtant l’éditeur sait y faire, parfois, et je ne m’explique toujours pas pourquoi je n’accroche que très rarement au story telling de leurs jeux. Pour moi, le personnage de Kassandra dans Origins était très solide (parce qu’il faut faire ce titre avec le personnage féminin, c’est certain), ici Eivor n’a que très peu de background et l’introduction se limitera à nous montrer la mort de ses parents. C’est un peu maigre pour s’attacher à ce nouveau héro.

Syndrome de Stockholm oblige, on aime tout de même ce titre. Il propose de longues heures de jeu et contentera tous les fans de la série. De mon côté, il n’y a rien à faire et même si j’irai probablement jusqu’au bout de l’aventure, pour moi il manque cette petite étincelle qui fait un grand jeu. Pur produit des studios d’Ubisoft, Assassin’s Creed Valhalla coche toutes les cases d’un bon open world même si on aimerait plus de profondeur de manière générale. On sent bien qu’il y a une réelle envie de développer un lore et les différentes références historiques sont toujours les bienvenues mais non, il n’y a rien à faire, on a toujours le sentiment que l’écriture répond à une charte bien cadrée dont il ne faut pas sortir. Sur ce point, Immortal Fenyx Rising avait une approche intéressante de la narration ce qui montre qu’Ubisoft sait aussi sortir des sentiers battus. Le risque est probablement trop grand ici, Assassin’s Creed est la poule aux œufs d’or de l’éditeur et il ne faut surtout pas surprendre les fans avec de l’inattendu.

Une créativité bridée ?

J’ai souvent ce même sentiment avec les jeux Ubisoft, cette impression que les créatifs n’arrivent pas à aller au bout de leurs idées. Typiquement, le dernier épisode de Watch Dogs a apporté de très nombreuses choses mais, pour le coup, se limite à ces nouveautés. Dans un sens, c’est assez frustrant de découvrir des univers aussi riches mais où on ne se sent que très peu impliqué. Comme pour le cinéma, faire un bon film relève souvent du miracle, il est très difficile de dire pourquoi telle ou telle œuvre deviendra culte. Les titres Assassin’s Creed font partie de cette catégorie de jeux « oubliables » (j’exagère mais c’est l’idée) et je ne suis pas convaincu qu’on en parlera encore dans 20 ans. Malgré la débauche de moyens et leur qualité certaine, il leur manque ce petit quelque chose qui les rendrait unique. Finalement on est en face d’un produit de consommation courant et on ajoute le dernier Assassin’s Creed dans son caddie parmi le papier toilette et son paquet de pâte.

Voilà maintenant trois jeux de cette franchise qui se basent sur ce modèle open world et RPG. Une trilogie qualitative, ça ne fait aucun doute mais on espère maintenant qu’Ubisoft va savoir tourner la page avec la nextgen et proposer de nouvelles choses beaucoup plus riches. S’il ne fait aucun doute que les prochains épisodes seront plus beau, voir photoréalistes, il va aussi être nécessaire de prendre quelques risques quitte à décevoir une partie de leur public car il y a aussi toute une autre franche de la communauté de joueurs à séduire. Leurs studios savent raconter des histoires mais, pour moi, elles sont rarement exceptionnelles. Il pourrait aussi être intéressant de revoir certaines ambitions à la baisse car parcourir de grandes étendues vides n’apporte pas grand chose. Les paysages sont certes magnifiques mais on n’est pas dans un walking simulator. Une carte plus modeste et une histoire bien plus développée pour être salutaire pour cette franchise dont on semble avoir fait le tour ici.

Un besoin de renouveau

Assassin’s Creed Valhalla reste un très bon titre, un triple A comme on en voit assez peu mais tous ces moyens pourraient, selon moi, être investis ailleurs que dans ce grand spectacle qui, s’il est agréable, n’est que de la poudre aux yeux. Pour ma part, mon aventure avec cette franchise s’arrêtera probablement avec cet épisode si la série ne change pas de cap à l’avenir. Bien qu’il reste d’autres civilisations à explorer et notamment le japon féodale qui est très demandé par les fans, on espère qu’Ubisoft saura prendre plus de risques. On se consolera sur Ghost of Tsushima, en attendant des jours meilleurs. Dans l’ensemble, Valhalla est agréable mais le personnage principal sonne assez creux. J’aurais probablement du mal à accrocher à toute l’histoire mais on se laissera guider par les nombreux marqueurs sur la carte et tentera différentes approches face à la diversité des ennemis.

Si je comprends l’excitation de la presse autour de cette franchise, je reste toutefois assez perplexe face à ces notes trop élevées compte tenu de ce recyclage perpétuel. Une fois de plus, ce système de notation est réellement discutable et rares ont été les tests qui relèvent cette redondance entre les différents épisodes et l’écriture parfois inégale. Le média jeu vidéo est devenu plus mature et on est désormais en droit d’attendre plus de profondeur. Ca n’est pas parce que c’est un jeu que l’on doit se contenter de « correct » ou de « passable ». D’autant plus que cet éditeur a clairement les ressources et les talents pour pousser ces concepts beaucoup plus loin. C’est probablement le dernier titre de l’ancien Ubisoft et on espère sincèrement que les récents changements au sein de l’entreprise n’affecteront pas seulement les conditions de travail mais aussi les jeux à venir.

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